Par joshuadu34 le 22/06/2008
AMIS POSTEURS, NOUS SOMMES TOUS DES TERRORISTES QUI S'IGNORENT
La présentation du livre blanc sur la défense faite par la presse ne parle exclusivement que de la suppression des casernes et du « cataclysme économique local » que ces suppressions vont entraîner. Ce genre de considération ne me faisant ni chaud, ni froid, et rien ne me dégouttant plus que l'idée qu'on puisse tuer quelqu'un au nom de quoi que ce soit (je précise que je suis anti-militariste primaire) j'avoue, dans un premier temps, n'avoir pas vraiment porté de considération à ce livre blanc. Un article du canard enchaîné, trois fois rien, juste quelques lignes en milieu de journal, a attiré mon attention. Le canard prétend que le livre blanc ouvre le terrain d'action militaire à l'intérieur même de nos frontières... J'ai sursauté ! Les termes utilisés ressemblent étrangement à ce qui aurait pu être dit lors de la mise en place d'une loi martiale ! Je me suis donc rendu sur le site gouvernemental permettant de consulter ce livre. Première surprise, le livre en question fait 350 pages (hors débats)... 350 pages pour un réaménagement du territoire ? Étrange ! Donc lecture... Après les 20 premières pages, je savais déjà qu'il allait falloir parler de ça largement ! Qu'un simple sujet ne pourrait pas suffire à dénoncer ça ! Et que le cataclysme porté par ce livre n'est pas économique, non, il est liberticide ! Le danger est partout, l'ennemi nous guette et, dans ce livre, il a pour nom « liberté ». La préparation à la lutte contre cet ennemi enfoui en chacun est détaillée ! Et effectivement, pour le gouvernement, l'ennemi est partout !
Les articles que je vais entreprendre risquent d'être longs, mais le détail est nécessaire à une compréhension des propos militaristes.
Je ne commencerai pas le détail de ce livre par l'aspect introduit par l'article du canard enchaîné, même si j'y viendrais plus tard. Je commencerai par la partie qui nous concerne tous directement ici, sur le post : l'information sur internet. A ce titre, je commencerai par reprendre des passages du livre blanc (consultable en entier ici)...
« La mondialisation, qui démultiplie les échanges dans tous les
domaines, présente aussi un versant négatif. La rapidité des moyens de
transport n'augmente pas seulement les risques de contamination sani-
taire et Internet ne permet pas uniquement la propagation des virus
informatiques. Les moyens de communication font émerger un monde
de plus en plus transparent, mais l'immédiateté qu'ils engendrent
entraîne la diffusion rapide de toutes les formes de crises, politiques,
économiques et financières.
Les internautes devraient représenter en 2011 environ 22 % de la
population mondiale. L'instantanéité de la communication se mesure
aussi au volume de messages échangés chaque jour par voie électroni-
que, évalué entre 100 et 200 milliards. L'accélération foudroyante de la
circulation de l'information, et avec elle du rythme de l'action dans tous
les domaines, rend infiniment plus complexe la gestion de ces crises.
Elle fragilise la capacité régulatrice des États et augmente, dans la
même proportion, la capacité d'intervention autonome d'entreprises,
d'organisations ou de réseaux sur la scène planétaire.
Les stratégies de défense et de sécurité doivent, dès lors, répon-
dre à des problèmes nouveaux : non plus seulement la défense ou le
contrôle d'espaces délimités, mais la prise en compte de l'explosion
de flux non maîtrisés de personnes, de biens ou d'idées. Les réponses
ne peuvent elles-mêmes qu'être globales, associant tous les moyens
de la puissance publique et de la société civile, et tous les niveaux de
mobilisation, national, européen et international.
La communication à l'échelle mondiale rend également plus sensible
la diffusion des modèles économiques, politiques ou culturels, perçue
comme une tentative pour réduire la diversité du monde. Dès lors, le
refus de l'homogénéisation engendre des réactions identitaires multiples,
parfois violentes, et porteuses de nouvelles fractures à l'échelle planétaire.
La mondialisation va ainsi de pair, paradoxalement, avec une mon-
tée des nationalismes, du fanatisme religieux, ou des réactions de
reprise en main autoritaires. Les uns exploitent les possibilités de dif-
fusion de leurs idées par le truchement d'Internet et des autres moyens
d'information et de communication. Les autres s'attachent à mettre en
place des moyens de cloisonnement de l'espace virtuel, de contrôle et
d'interdiction, ou même de manipulation de la communication.
Espionage et stratégie d'influence
(...) Dans certains cas, les actions étrangères privilégieront les attaques
informatiques. Dans d'autres, elles peuvent viser l'affaiblissement d'une
entreprise ou une personne, par une désinformation générale propagée
sur les médias et via Internet.
Ces risques imposent à la France et à l'Europe de développer les
capacités de leurs services de contre-ingérence, mais aussi les moyens
de la « puissance douce » (soft power), reposant notamment sur la pré-
sence dans les médias et sur Internet, la culture d'entreprise et sur la
sensibilisation préalable des hauts responsables du secteur privé et du
secteur public.
Le passage
d'une stratégie de défense passive à une stratégie de défense active en
profondeur, combinant protection intrinsèque des systèmes, sur-
veillance permanente, réaction rapide et action offensive, impose une
forte impulsion gouvernementale et un changement des mentalités.
L'expertise de l'État en sécurité des systèmes d'information doit être
fortement développée, entretenue et diffusée auprès des acteurs éco-
nomiques et notamment des opérateurs de réseaux.
la politique de sécurité intérieure, pour tout ce qui ne relève pas
de la sécurité quotidienne et individuelle des personnes et des biens, et
la politique de sécurité civile. Au titre de la sécurité nationale, la poli-
tique de sécurité intérieure et la politique de sécurité civile doivent
assurer de façon permanente la protection de la population, garantir le
fonctionnement régulier des pouvoirs publics et le maintien de la vie
normale du pays en cas de crise, et défendre les intérêts de sécurité de
la nation contre toute menace non militaire susceptible d'y porter
atteinte »
Nous voici donc prévenus, nous, internautes. Notre « puissance » induite par une rapidité de réaction, par une possibilité phénoménale de propager des idées « mettant en péril » leur système économique est un danger pour l'état nécessitant l'intervention militaire ! Nous représentons, par nos réactions, par nos commentaires, par les idées que nous portons, une menace à la stabilité fragile du monde ! Nous avons le pouvoir de faire bouger les choses...
Laissez moi rire ! Quel danger ! La poignée d'agités que représentent les vrais contestataires, et je ne parle pas de ceux qui souhaitent adapter le système, comme si c'était faisable, mais de ceux, au nombre desquels je me compte, qui refusent un système inhumain, aurait la possibilité, par la diffusion de ce qu'ils pensent, de créer, à l'heure actuelle, un véritable raz de marée renversant le capitalisme ? On continue dans l'apologie de la psychose générale a tenter de faire croire que ces mesures répressives tendant à museler l'information sont dues au danger que porte la contestation, totalement injustifiée de leur point de vue. L'amalgame sécuritaire touchant une part de plus en plus large de la population s'étend par ce texte de façon incroyable ! Déjà, on veut vous faire croire que l'anarchisme individualiste est synonyme de terrorisme, que l'étranger est responsable du chômage ou du trou de la sécu, et, maintenant, l'internaute est non seulement un voleur responsable de la désaffection culturelle et du manque de moyens mis en oeuvre pour soutenir cette culture, mais qu'il est aussi, par ses réactions, un terroriste à la solde d'Al Quaïda qui s'ignore ! Et à ce titre, cela justifierai le renforcement des contrôles, des mensonges d'état, du flicage de nos ordinateurs voir d'un véritable Pogrom anti internaute ! Le document le dit lui même : « Le passage d'une stratégie de défense passive à une stratégie de défense active en profondeur, combinant protection intrinsèque des systèmes, surveillance permanente, réaction rapide et action offensive, impose une
forte impulsion gouvernementale et un changement des mentalités ». Quel changement des mentalités ? Doit-on se préparer à une tactique de contrôle violente digne du nazisme ou de la répression gouvernementale chinoise ? C'est pourtant ce que laisse envisager ce texte !
Le flux d'idées se doit, dans l'esprit de nos dirigeants, d'être contrôlé ! C'est un impératif ! Et pour ça, puisque l'écervelage organisé par un contrôle total des médias et de la déformation intellectuelle de nos enfants par l'éducation ne permet pas encore d'éviter à quelques esprits contestataires d'émerger, il devient nécessaire d'améliorer l'aspect répressif du contrôle !
Leur mondialisation libérale est, pour eux, le seul modèle économique à défendre coûte que coûte. Aucun humanisme là dedans, juste de l'économie. Et refuser l'exploitation qu'elle engendre, refuser la misère qu'elle implique, refuser l'enrichissement d'une part infime de la population mondiale sur le dos des autres qu'elle signifie, c'est refuser une nécessaire homogénéisation. Leur homogénéisation n'apporte pourtant de profit qu'à eux même et sûrement pas à la population mondiale qui, pour une grande partie, crève toujours de faim ou sous les balles et, pour l'autre partie, infime, dont nous faisons partie en France, voit son misérable « bien être » se réduire inéluctablement. En fait, c'est contre une montée de colère qu'ils s'arment. Et museler internet est, pour eux, un moyen d'empêcher une concertation dans la contestation ! Quitte, pour ça, à utiliser des moyens dictatoriaux, ce qui, on le voit malheureusement ici, ne les gênent pas ! Ce qui leur fait peur, c'est que, face aux attaques dont sont victimes les population au nom du profit, face aux reculs sociaux phénoménaux, face à l'arrogance des dirigeants, le discours de vrais contestataires soit entendu et surtout accepté par certains ! Il est donc urgent de faire taire cette contestation, et par la force s'il le faut ! Belle démocratie !
Tiens, puisque l'on parle de démocratie, et puisque les partis politiques se sont exprimés sur ce livre blanc (voir partie « débats »), je reviens à ceux qui sont persuadés que, par l'élection, nous pourrions peser sur ce type d'écrits... La préoccupation majeure des partis politiques interrogés sur ce livre blanc ne porte pas sur l'aspect liberticide des écrits, mais uniquement sur leur participation à la conception du dit document (moi, je n'y suis pas assez impliqué, vous ne m'avez pas laissé y participer), sur la question de savoir si le rapport guerrier de la France doit se faire en concertation avec l'Otan ou l'Europe ou sur le montant des subventions militaires (jamais suffisantes alors qu'elles n'ont pas été revues à la baisse)... Ça montre bien la considération apportée à nos libertés par les hommes politiques... de droite comme de gauche !
Qui, après ça, peut dire honnêtement qu'il ne craint pas de voir s'installer un tel contrôle ? Qui peut honnêtement dire qu'il s'agit là de la représentation de la volonté du peuple ?
Mais ce n'est qu'une petite partie de ce que contient le livre blanc de la défense sur lequel je reviendrais...
Par joshuadu34
Par LES AMIS DU NEGATIF Groupe les amis du negatif , le 22/06/2008
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