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21 décembre 2006 4 21 /12 /décembre /2006 10:19


TIR FIXE
Réflexions et analyses

ABSENCE DE RÉVOLUTION, AMPLEUR DES MUTATIONS



ABSENCE DE RÉVOLUTION, AMPLEUR DES MUTATIONS :

La tiédeur des tièdes : Le Couac et Normand Baillargeon
À quoi sert le Couac ?
Itinéraires et valorisation « Fondé en 1997 par Pierre de Bellefeuille et Jean-françois Nadeau, le Couac est un journal satirique, libre et indépendant. Il propose tous les mois un regard critique sur notre société avec l’humour grinçant qui lui a valu son surnom de « canard qui a des dents »… » C’est ainsi que Le Couac se présente sur son site http://www.lecouac.org/

Qui en sont les fondateurs ? Pierre de Bellefeuille est un distingué parlementaire qui défend des thèses indépendantistes et nationalistes québécoises.
Jean François Nadeau est surtout connu pour avoir fondé les éditions Comeau & Nadeau qui publiaient des essais et des textes situés à gauche considérés comme d’inspiration citoyenne réformistes et nationalistes et pour être le directeur littéraire des éditions de l’Hexagone chez VLB au sein de Ville-Marie Littérature, filiale de Sogides racheté par Québécor il y a peu. Devenu depuis Lux éditeur, Comeau & Nadeau, publie, tout comme Le Couac, aussi bien des thèses souverainistes que des essais d’inspiration lointainement anarchiste et des titres dangereusement proches de la revue altermondialiste À bâbord, sorte de melting pot théorique du citoyennisme.

Nous pouvons ici décoder, à travers Le Couac, le profil d’une gauche pseudo anarchiste
québécoise et osons le mot, nationale, qui se réclame d’une vague mémoire des luttes anarchistes, nécessaire caution radicale bonne pour les bourgeois. Le Couac a une ambition :
il entend montrer le mouvement réel de la contestation au Québec et ailleurs. Cependant cela n’est pas seulement affaire de volonté, il y faut une réelle conscience de l’histoire, des idées claires, des désirs nouveaux.
Prisonnier de sa dynamique propre et de son auto aveuglement, ce journal dessine non la réalité vivante d’un mouvement social qui se cherche mais incarne simplement le sort d’une critique convertie en une idéologie de la confusion.
Survivance Journaliste et chroniqueur parlementaire au journal le Droit d'Ottawa de 1945 à 1951. Chef des
services de rédaction, puis directeur de la distribution française à l'Office national du film de 1951 à 1960. Rédacteur en chef au magazine Maclea de 1960 à 1964. Directeur des exposants pour Expo 67 de 1964 à 1968. Journaliste indépendant, conseiller en information et interprète de 1968 à 1976.
Collabora à plusieurs émissions de télévision et de radio diffusées à Radio-Canada, notamment la télésérie la Part du lion en 1969 et 1970 et l'émission radiophonique la Révolution tranquille en 1971
et 1972. Codirecteur de la maison Inter-Info Associés, interprètes et traducteurs-conseils. Directeur de
la collection « Cité de l'homme » aux éditions Leméac. Membre du Conseil de presse du Québec et
président de la Société historique de Deux-Montagnes de 1974 à 1976. Membre de la Ligue des droits de l'homme. Président de l'Institut canadien des affaires publiques. Vice-président de l'Union canadienne des journalistes de langue française.
Ancien président du Syndicat des journalistes d'Ottawa
(CTCC) et du Cercle des journalistes d'Ottawa. Coauteur de la Bataille du livre au Québec (1972) et auteur de Sauf votre respect - Lettre à René Lévesque (1984) et l'Ennemi intime (1992). Candidat du Nouveau Parti démocratique défait dans Ahuntsic aux élections fédérales de 1972.
Élu député du Parti québécois à l'Assemblée nationale dans Deux-Montagnes en 1976. Réélu en 1981. Adjoint parlementaire du ministre des Affaires culturelles du 1er décembre 1976 au 1er mars 1978. Adjoint parlementaire du ministre des Affaires intergouvernementales du 1er mars 1978 au 5 mars 1984 et du ministre des Relations internationales du 5 mars au 20 novembre 1984. Démissionna comme député du Parti québécois et siégea comme indépendant à partir du 20 novembre 1984. Candidat du Parti indépendantiste défait dans Deux-Montagnes en 1985. Élu président du Parti indépendantiste le 6 avril1986.
Quitta cette formation à l'été de 1988. Président de l'Amicale des anciens parlementaires du Québec de 1999 à 2001, puis, en 2002, président du Colloque sur le parlementarisme au XXIe siècle.
Chargé de cours au département des communications à l'université du Québec à Montréal en 1984 et 1985. Président des Semences Laval (1986) inc. de 1986 à 1989. Co-fondateur du journal satirique Le Couac en septembre 1997.
......(??? ndlc)
d’idées mortes, désirs malheureux, militantisme corporatif, dogmatisme, critique
« pédagogique » narcissique, les indices se multiplient dès lors que nous découvrons la charge potentielle de cette confusion qui ne rompt pas les digues mais les reconstituent ailleurs.
Le nationalisme « québécois » marque dès le départ, le contenu du Couac.
Il suffit de rappeler les positions nationalistes et chauvines de VLB, l’employeur de Nadeau.
Quant au parcours politique de Bellefeuille il est, en ce sens, exemplaire.

Il était donc normal qu’un xénophobe nationaliste et indépendantiste comme Pierre Falardeau soit publié sans aucun questionnement ni distance critique dans Le Couac.

Une des constantes du Couac consiste en effet, à diffuser l’idéologie nationale québécoise en
compagnie d’une idéologie anarchisante frileuse et molle pimentée de cette culture altermondialiste dont on sait les limites actuelles , additionnée pour terminer, d’un peu d’écologie et de droits de l’homme.

Apparemment, le projet social défendu par Le Couac consiste à essayer les débris de toutes les modes et de tous les genres idéologiques. Seulement, il semble que cela se fasse dans les vastes espaces du quantitatif et non avec en y combinant les exigences du qualitatif.
Ainsi, la critique vraie fait silence.
Les rédacteur(e)s du Couac tentent de croire en eux-mêmes en picorant des détails dans les projets sociaux du passé et dans les combats des autres et c’est pourquoi ils agissent comme tous les réformistes sans vouloir toucher à la vie même. Une critique non aliénée ne fait pas partie de leurs objectifs médiatiques.
Il leur suffit de prolonger quelques pensées qui ne leur appartiennent pas, qu’ils seraient incapables de concevoir, pour prospérer sur le terreau médiatique et culturel sans qu’à la finale rien ne change jamais.
Que
leur manquent-ils ? L’expérience réelle, l’oxygène de la négativité, le sens de l’existant, la vision de la totalité et le sens de l’histoire.
Il est vrai qu’ils prolifèrent avec d’autres ambitions, sur un terrain journalistique qui est en soi déjà fortement limité. Pourtant même sur ce pauvre terrain des spécialistes de la compensation et des désirs anodins, leur créativité fait défaut.

Quiconque lit Le Couac constate que ce journal n’est ni amusant ni même ironique contrairement à ce qu’annonce la présentation du journal sur le site.
Le sens de l’humour en est totalement absent et lorsqu’un des auteurs de ses articles se risque à un trait d’humour, celui-ci est généralement d’une platitude totale, d’un ennui pesant, d’une tristesse accablante.

Quelle est alors la différence entre le Couac, Le canard enchaîné et Charlie hebdo, journaux qui se veulent d’inspiration quasi similaire dans deux cultures distinctes ? La différence est simple.
C’est la terrifiante nature du talent qui, à une toute petite exception , n’existe pas au Couac.
Quant à leurs informations, elles sont, pour la plupart, des articles besogneux mettant en
forme restreinte des nouvelles trouvées sur le Web5, des commentaires politiques vraisemblablement faux, reprises avec un manque de rigueur professionnel indécent.
Tout cela en l’absence d’une véritable écriture !
« Éloge de la défaite », vol.6, numéro 3, décembre 2002. Lire sur ce sujet Oiseau-tempête n°8 (été 2001), «Contre-Attac : tromperie sur la marchandise », mais si l’on veut du local : « Révolte consommée, le mythe de la contre-culture » Trécarré, Montréal, 2005.
Livre confus lui aussi mais dont l’argumentaire n’est pas totalement dépourvu d’humour notammentdans l’évocation de Naomi Klein.
Cette exception concerne peut-être les articles de soutien et d’information sur les pratiques de
solidarités avec les victimes de déportation et de certificats de sécurité.
Planète stérile, Clôde de Guise, Le Couac, avril 2006, p.1.
L’Iran peut fabriquer des montres Mickey Mouse qui brillent dans l’or noir, Juan Cole, Le Couac,
Mai 2066, p.1. Juan Cole, Professeur d’histoire moderne du Proche-Orient à l’université du Michigan, auteur, notamment, de Sacred Space and Holy War. The Politics, Culture and History of Shiite Islam,
I. B. Tauris, Londres, 2002.

Dans son article, Juan Cole affirme que l’Iran est incapable de fabriquer une bombe car il lui faudrait 16000 centrifugeuses en ligne, alors qu’elle n’en possède que 180. De toute façon, affirme t-il, les iraniens affirment qu’ils ne veulent pas de bombe atomique parce qu’elle est immorale du point de vue islamique.
Curieuse affirmation que l’actualité immédiate semble démentir avec sévérité ! Il nous semble précisément que l’état iranien dit le contraire, que le monde entier dit le contraire, mais Juan Cole doit avoir des sources extraordinaires de renseignements dont par un lecteur écartelé (??? ndlc)
Les critiques de ces journalistes du contre-pied se tournent vers les « masses incultes » ; elles entendent éclairer les douleurs muettes, concentrer la souffrance de la perte, mais les masses n’ont pas grand-chose à apprendre dans Le couac qu’elles ne sachent déjà.
La pensée acritique du Couac trahit ses vagues promesses et son ambition ; nous y observons seulement le bonheur miniaturisé et quasi surnaturel de l’équipe du Couac qui consolide son ravissement de durer encore un peu.

Comment les congédier alors si ce n’est en leur rappelant qu’une véritable guérilla culturelle s’enracine dans une pratique de l’originalité et une vision radicale et objective car seulement dénoncer n’est pas abattre mais reconduire.

Poser les problèmes dans les termes de l’adversaire, c’est accepter une survie améliorée.

Mais il est vrai que « nul ne peut désirer ce qu’il n’a pas perçu».

À quoi sert l’anarcho-mou ?
Depuis sa création en 1997, l’Équipe du Couac s’est étoffée d’intellectuels universitaires se réclamant d’un projet de société anarchiste.
Nous y trouvons le mou Normand Baillargeon surnommé un peu partout Normou ou l’ineffable Francis Dupuis-Deri  toujours préoccupé de son plan de carrière universitaire et de reconnaissance spectaculaire, ainsi que plusieurs individus revendiquant un positionnement social et idéologique confusément de gauche, genre tendance altermondialiste, et qui se sont enracinés parmi les 8 pages du Couac au milieu des tenaces revendications nationalistes et souverainistes (Vadeboncoeur, Bellefeuille, Charron)
du début.

L’insuffisance du procédé saute aux yeux, le fait de publier côte à côte des positionsaussi contradictoires sinon opposées pose un certain nombre de questions sur le degré de conscience critique des auteurs de ces articles. Comment faire cohabiter des orientations anarchistes, un projet de société libertaire avec des positions citoyennes et une démocratie participative dans le cadre de l’état ?
Comment des positions nationalistes vantant un repli identitaire basé sur la langue peuvent-elles coexister avec cet humanisme sympathique et généreusement naïf qui défend les réfugiés et les illégaux ?

Nous pourrions nous émerveiller de cette cohabitation et penser qu’avec elle l’avenir de la critique sociale est assuré parce que ces questions surviennent à un moment où un fait quelconque et anodin comme la parution mensuelle du Couac serait à elle seule porteuse d’espoir. Seulement il ne reste que les débris du rêve, car une simple lecture de ces écrits caricaturaux sans idées novatrices montre bien qu’il manque à ces gens-là, un mode d’emploi : celui d’une intelligence discernable et d’une lucidité nouvelle.
Dans Le Couac rien qui ne soit connu, rien qui n’ai déjà été dit mais plutôt des compensations idéologiques, des petites gratifications entre ami(e)s, des archaïsmes sans vérité, et une absence de cohérence synonyme de faillite intellectuelle. Le contenu réel de trop de vide, une sorte de perfection dans l’aliénation qui se perpétue pétrie de la matière même de la domination : confus, faux, parcellaire, porteurs de mythes avortés mais jamais de contreaspirations ou de contre-civilisation toujours absents.

À quoi sert Baillargeon ?
Ceci nous amène à parler de celui qui pourrait être l’intellectuel bavard type bien que mou, le philosophe/sociologue/pédagogue/ami des masses du journal : Normou Baillargeon, ce jeune vieillard vagabondant de revues en revues, de livres en livres, d’articles en articles, couve d’un oeil paternaliste les jeunes anarchistes si charmants qui incarnent une si heureuse vitalité.
Baillargeon est habité d’un rêve : celui d’un stoïcisme sans conflits, non pas de vitalité maîtrisée mais d’adieu à la vitalité.

Pour cela quoi de mieux que d’inviter ce bon vieux Chomski en plein coeur de la critique sociale ? ailleurs il ne dit rien et auxquels son article ne fait aucune référence.
Voilà le genre d’article mensonger par omission et porteur d’amalgame dangereux que l’on trouve en une du Couac. Pourquoi Cole en première page ?
Sans doute parce que Cole a été publié plusieurs fois dans le Monde Diplomatique et que sa signature vaut quitus de ce qu’il peut affirmer par ailleurs sans citer jamais aucune source.
 D.D. est bien connu dans le milieu anarchiste québécois non pour son implication mais en faire son objet d’étude. Méfiance !
Baillargeon et l’autodéfense intellectuelle

Nous parlerons donc de son dernier livre : le très ennuyeux livre Petit cours d’autodéfense intellectuelle, paru en famille chez Lux en 2005.
Avec un tel titre Baillargeon ne prend pas grand risque (concédons lui un peu d’humour éculé peut-être) et en effet il ne propose que des recettes éprouvées par d’autres ce qui semble la méthode d’écriture la plus sûre du moment.
De plus il élabore la nature de son autodéfense comme un long cours magistral et on comprend par le choix du titre et la méthode didactique utilisée qu’il s’agira pour Baillargeon, de continuer à jouer son rôle de dispensateur de connaissances et de ne pas remettre en cause sa posture universitaire.
Le livre est donc un manuel de vulgarisation des thèses de Chomsky et de Carl Sagan qu’il vaudrait mieux lire dans les textes d’origine plutôt que restituées à nouveau dans ce livre laborieux.
Le professeur Baillargeon invoque ainsi Chomsky et Carl Sagan pour expliquer la pertinence de sa thèse : initier son lecteur à la pensée critique, lui ouvrir les yeux pour qu’il comprenne les ressorts de la manipulation dont il est l’objet.

D’où Normou tire t-il sa suffisance ?
De son image d’intellectuel, de son scepticisme affiché, de son rôle social, de son amour pour l’humanité ? On ne sait, mais il veut éduquer les gens à tout prix et cela, on le comprend ne peut se faire que sur un plan intellectuel, d’homme à homme en quelque sorte même si lui est plus apte que l’autre qui l’observe quelques marches plus bas, comme le visionnaire qu’il n’est pas.
En dessous de cette plate forme de reconnaissance déséquilibrée qui semble vitale pour Normou, le vide, un néant aliénant, une régression surgie d’une littérature bonne pour le club du Reader’s Digest.

Les lumineuses explications de Baillargeon ressemblent beaucoup à des recettes confuses, un sous produit psychologique de l’économie politique.
Le livre propose des formules susceptibles de permettre à un esprit critique de se constituer entre sentences, clichés et raccourcis.
Un contenu qui présente ses méthodes de décodage du réel comme une vraie panacée avec des combinaisons qui s’élèvent comme un miroir entre la volonté subversive et son point de mire.
Car Baillargeon articule son rôle avant tout, il ne peut désintégrer ce rôle de l’image romantique et illusoire du penseur anarchiste et sceptique. Il entend au contraire le renforcer dans la figure mutante du penseur responsable, raisonnable et même sage, vertueux dans son vieux sens philosophique.
Mais par sa méthode professorale figée, il renverse la force en faiblesse et la pensée critique invoquée comme résultat final devient, au fur et à mesure des pages, quelque chose d’abstrait, d’extérieur à soi, sans mobiles et sans fins, une sorte de lubie de secte avec ses grands prêtres comme Sagan, Chomsky et bien sur Baillargeon.

Notons que le terme de résistance utilisé dans le titre et qui imprègne toute l’argumentation du livre est, au niveau dialectique, un concept particulièrement insuffisant.
Il est vrai que les mouvements anti-mondialisation s’incarnent bien dans ce concept fourre-tout qui leur sert
essentiellement à avancer des idées réformistes et à aménager la société pour moins d’inégalités, moins de pauvretés mais sans qu’il soit bien entendu question, sous couvert de réalisme, de les supprimer.

Baillargeon applique ses thèses professorales avec un sérieux militant pénible mais il est vrai constant.
Du Couac à son livre, il sévit en écrivant une littérature pour convalescents rebelles qu’il faut guérir.
Normou nous prépare d’ailleurs pour bientôt un livre futur suite à une rafale d’articles annoncés sur l’éthique.
Vaste débat, sujet labyrinthique, équivalent général assez lourd pour justifier l’immobilisme mais peut-être pas pour interroger l’éthique d’un Baillargeon anarchiste qui cohabite avec des nationalistes à peine reconvertis dans l’altermondialisme comme Pierre Vadeboncoeur.
Rappelons que c’est de la praxis que peut renaître la conscience de la totalité et celle-ci a appris à ne jamais se suffire d’objectifs intermédiaires. La conquête historique se fait du point de vue de la totalité.
Or que montre Baillargeon dans son « Petit cours d’autodéfense intellectuelle »?
Une radicalité dénudée ramenée à des techniques scientifiques, des Introduction à l’éthique, Le couac, vol. 9, numéro 8, p.6. automatismes, des stimulis sans connaissance vivante et sans désirs où la subjectivité ne se
dévoile pas, une pensée réduite en miniature. Le contraire d’une pensée critique.

Ce n’est pas dans des pratiques intellectuelles d’autodéfense sans volonté de dépassement que se joue la lutte contre les guerres et les opérations de police. Un projet radical de changement social fonde sa propre cause sur lui-même et c’est là qu’il faut identifier les vecteurs du dépassement de toute résistance, sur le refus de toute fausse objectivité, sur le retour du subjectif, sur la fin de l’antagonisme radical entre le vraisemblable et le vrai, sans tolérance et sans compromis.

La résistance n’est jamais un ennemi irréconciliable d’avec le monde qu’elle combat, elle peut même en être un moment particulier car elle n’est pas toujours généralisable du point de vue radical de la critique en actes, d’une critique qui se sait négation.

Les esprits lucides de ce temps doivent savoir définir les champs de ruptures possibles, détourner en vérité critique les sens abusés, fixer eux-mêmes leurs propres règles sous peine de reconduire
précisément ce qu’ils nient dans leur pratique et leur théorie. Ils doivent ouvrir à une connaissance réelle par une pratique concrète de la rupture, en évitant les fausses sorties offertes par l’idée même de résistance, idée qui contient déjà l’absence à la radicalité mais autorise le maintien ou la reconstitution du monde aliéné. Baillargeon nous propose de comptabiliser le « taux de liberté », de choix et d’autodétermination dans le cadre donné des rôles sociaux ou l’intellectuel se consomme en « personne sociale ».
Sommes-nous sociaux à ce point dans le processus de la guerre en cours ?
Alors quoi ? Pour désagréger la puissance de la coercition, nous utiliserons plutôt le détournement, du sabotage, de l’ironie critique et matérielle, des pratiques anti-idéologiques
liées au refus des rôles, une critique véritablement terroriste.
Ce sont des pratiques à réinventer pour sortir des temps morts et des illusions véhiculées par Baillargeon et consorts.
Il faut pour dépasser la mesure, un débordement permanent des frontières au quotidien et qui ne sont pas seulement symboliques loin de là.
Convenons toutefois que Baillargeon a inventé un concept original : le principe de « charité argumentative ».
Le retour du refoulé sous sa forme religieuse nous manquait assez peu, mais avec Baillargeon rien n’est impossible.
Une telle pensée sent la soutane souillée et le confessionnal, pas le changement social.
Reste les questions de la participation et du militantisme qui, sans doute, soutiennent un projet, du genre « mieux vaux faire quelque chose que ne rien faire ».
À cela Guy Debord a depuis longtemps répondu : « … Ce sont les lois de la pensée dominante, le point de vue exclusif de l’actualité, que reconnaît la volonté abstraite de l’efficacité immédiate, quand elle se jette vers les compromissions du réformisme ou de l’action commune de débris pseudo révolutionnaires.
Par là le délire s’est reconstitué dans laposition même qui prétend le combattre.
Au contraire, la critique qui va au-delà du spectacle
doit savoir attendre. »
MISÈRE ET MERVEILLE DE LA CRÉATIVITÉ

Il est difficile de douter qu’avec les développements écrasants de la domination spectaculaire, le projet révolutionnaire mainte fois annoncé mourant ou disparu, ne soit contraint de se métamorphoser à nouveau en réaffirmant la signification ontologique de son expérience créative.
Il lui faut en effet réactualiser constamment ses propres bases : la créativité, la liberté et la réalisation directe de l’homme, afin de respecter sa nature et son combat.
Petit cours d’autodéfense, p. 80. «…selon lequel nous devons présenter les idées que nous contestons sous leur jour le plus favorables. » Qu’en est-il Normand, du négationnisme, du racisme, de l’antisémitisme, du chauviniste, du nationalisme ? Quel est leur jour le plus favorable ?
 Thèse 220, La société du spectacle.

Au milieu du ciel de l’idéologie, des pensées se lamentent, des paroles se condamnent à la fuite, la réalité est muette sur les désirs et la vraie vie absente.
La créativité, portée en trophée, vend des céréales ou des baskets.
Sur ces ruines médiocres, la créativité doit être réaffirmée comme le bras armé de l’émancipation, elle doit être exigée de tous afin d’établir un programme de libération d’ensemble.

La pression de l’échec est telle que tout projet radical apparaît aujourd’hui réduit à la confusion, aux
programmes factices des idéologies passées, à une régression devant l’immense positivité spectaculaire qui l’a dépossédé de ses capacités.

Le projet révolutionnaire a à s’affirmer méthodiquement ailleurs, à être seulement lui-même plutôt que contre cette représentation qui l’inverse en coupable et qui le ramifie en fausses luttes pour se défendre, fausses luttes éternellement résolues en conciliation avec le système et son avenir le plus prévisible.
Sa priorité consiste à s’investir d’une totale compétence critique et à se saisir unitairement de cette critique.

Mais quelle est donc le secret si profondément caché de cette critique radicale? Sans doute, faut-il se laisser aller et remonter jusqu’aux racines mêmes des idées, aller déterrer leur réalité et supprimer les raisonnements basés en quelque sorte sur des abstractions concrétisées comme publicité du vide. Pour cela, il faut du caractère et de l’originalité, sinon, il ne reste que des êtres de culture, entièrement faits de culture, des images, des formes, sans contenu perceptible et malheureusement de mauvaises formes et uniformes de surcroît.

Avec une critique vivante, non neutralisée, l’histoire existe, chacun fait l’histoire.

Agir sur la vie et l’action révèle matériellement la facticité des compromissions et la réalité de l’aliénation, ce secret mal dissimulé de la plénitude et du souffle du pouvoir. Résultats obtenus du consensus général, la passivité et la résignation déploient un quotidien de pensées mortes, de corps éteints.
Faut-il craindre alors l’excès de l’exploration et de l’aventure devant l’impotence et l’illusion ? Non, car ces excès là ne sont pas aveugles.
Une des réponses les plus directes et les plus claires aux présomptions mutilantes de la culture, à l’apparence du vécu répandu partout, consiste pour les révolutionnaires à élaborer un projet critique explicitement anti-idéologique.

Les perspectives de la révolution sociale ont profondément changé.
Elles nous contraignent à reconnaître les accessoires courants de tout ce qui de près ou de loin s’apparente à elles en entretenant le flou sur un réformisme ordonné comme allant de soi; elles nous imposent de discerner les instruments dévoyés de la révolution de la révolution elle-même, de discerner la texture de l’effet, de ne pas se contenter de prolonger la vie d’outils théoriques ponctuels, mais plutôt de les abandonner dés que leur transparence s’assombrit.
Passages fragiles, croisements vulnérables, de leurs alternatives surgissent de nouvelles significations à l’opposé de celles qu’on pourrait croire évidente.

L’intégrité ne recoure pas aux masques, la conception de la totalité assiége les théories étroites, déstabilise les stratégies atrophiées des luttes partielles.
Elle anéantit les pures manifestations d’un esprit révolutionnaire, d’une essence par nature manquante.

La façon de composer avec un temps créatif à créer, de tirer avantage de la vitesse de l’information, de faire l’histoire, la façon de casser la rigidité des formes idéologiques en jouant avec leurs significations, en révélant leur sens caché, créent des espaces ouverts.
L’intelligence et la pensée créatrices allument en rencontrant l’inconnu, l’accident, le désordre, L’absurde, et l’impossible.

L’intelligence c’est de rendre possible l’impossible, de rendre connu l’inconnu. (Asger Jorn).
Il faut sans cesse se reposer cesquestions de base. La participation et le partage sont-ils aujourd’hui des outils nécessaires ?
À quoi peut servir un nouveau projet si c’est pour proposer un style et un contenu semblables à ce que l’histoire a produit de mieux ? Comment aller plus loin, plus vite ?

Une approche différente doit révoquer le passé, construire des pistes, proposer des affrontements présents et futurs et montrer les équivoques de notre temps, en clair se rapprocher d’une critique exacte du quotidien, tout en sollicitant ouvertement son changement, voilà le projet créatif lié à de nouvelles pratiques.

Une révolte contre le destin et l’irrémédiable ! Mais n’est ce pas là – vu avec plus de recul – depuis toujours l’origine de toute insurrection? Toute révolution n’a t’elle pas surgi de profundis d’une honte subie, d’humiliations répétées, de fiertés foulées aux pieds, d’une créativité pillée et dépréciée dont la substance est mesurée comme un paradoxe. Une substance faîte pour mépriser la capacité à l’innovation, elle-même réduite à maintenir une distance passive entre chaque individu? Sur ce seuil, la servilité s’extasie devant une oeuvre d’art.
Pour moi, elle dévoile l’âme anéantie de son créateur.
Dans les grandes symphonies de sons, de couleurs et d’idées de l’histoire, je vois d’extraordinaires révoltes, stridentes comme l’éclat d’une trompette, qui se lèvent comme un tour de force. Une intuition lointaine de la grande vision créative qui, pour de courts instants seulement, a élevé l’individu au-dessus de l’univers chaotique de la perte et de la souffrance.

Les lumières du spectacle oscillent sur les piliers de l’outrance et de la démesure. Le prolétariat quant à lui oscillerait entre la tentation de la violence et la reconnaissance de son impuissance désarmée.
Terrorisme ou apathie généralisée sont ce que l’idéologie perpétue à son propos.
Dés lors, la praxis révolutionnaire s’éloigne, elle s’incarne dans des valeurs obéissant à des dynamiques externes, reconduisant les séparations qu’elle entend nier.

La violence, le sacrifice ou le renoncement règnent seuls, jugulant, au fil de ses défaites, une attristante et perpétuelle lutte des classes. Ce n’est pas ce que nous voulons.

La praxis révolutionnaire n’est pas une parodie ni une thérapie, ni un camouflage ni une contradiction de plus mais une exigence sociale, une affirmation historique de l’être et de sa volonté pour ne pas se renier, sans aucune présomption.

La praxis s’adresse à des sujets dans leur réalisation.

Une association révolutionnaire est une critique pratique de l’aliénation, une rupture mise en oeuvre dans le rapport entre des sujets qui se veulent réellement vivants, qui n’ont pas renoncé à se saisir de ce qui les rend vrais.
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(Un incident informatique techn
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