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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 13:58

http://juralib.noblogs.org/2011/06/09/critique-du-mouvement-des-indignes-sur-montpellier/

 

Lire ci-après une ébauche critique d'un mouvement dont nous voyons bien qu'il ne s'inscrit nullement dans une débauche d'originalites, d'imaginations ou de radicalité...

Ce billet publié sur le site ami de JURA LIBERTAIRE mérite de circuler autant que possible, d'être débattu, partout, au trocson, à la barraque, au turbin, au bahut, et surtout là où la représentation est le plus concentrée, dans les rssemblements mêmes qui en se multipliant sur certaines bases ne font que fossoyer sur place ce qui semble encore, pour certainEs, voire beaucoup, des participantEs les déterminer un peu...


Un autre texte, publié sur les pages des bâtisseurs d'abîmes: http://les-batisseurs-d-abimes.over-blog.com nous laisse à lire un autre texte également riche en interrogations, lesquelles nous semblent bien arriver au moins " à temps", quand bien même, nous redouterions peut-être qu'il en soit déjà de quelques dommageables retards...


Mais nous-mêmes hélas, au delà de quelques mises en gardes ironiques dans le cours des semaines précédentes n'avons su faire aussi bien et aussi clair que ce qui aura été entrepris dans ces deux textes là.


Steph.

 

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Critique du Mouvement des Indignés sur Montpellier

Pourquoi le mouvement des indignés ne mènera à rien ?

J’ai tout d’abord voulu écrire une critique de ce mouvement qui puisse englober l’ensemble de ses points d’émergence puis je me suis rendu compte qu’il était présomptueux de ma part d’essayer de généraliser au niveau national ce que je n’ai vécu qu’au niveau local. Certes, d’après les échos (rares) que j’en ai, les tracts que j’ai pu lire ci et là, j’ai peu de doutes quant au caractère général de ce que je vais dénoncer concernant la ville de Montpellier, mais je ne veux pas stigmatiser l’ensemble du mouvement malgré tout.


La toute première critique porte très simplement sur le nom du mouvement. « Indignés », comme si cela pouvait être autre chose qu’une posture morale appelant à l’inaction, ou plutôt n’appelant pas à l’action. Il a été proposé dès le début de changer le nom pour quelque chose de plus engageant comme « Révoltés » ou « Enragés » et il fut répondu « En Espagne, ils s’appellent Los Indignados ».

L’argument contraire comme quoi on n’est pas obligés de refaire ce qui ne marche pas n’ayant pas trouvé d’écho favorable dans la majorité chantante, « Les indignés » fut conservé et remodelé quelques jours plus tard en « Les indignés, révoltés ».

 

À trop chercher le compromis, on en devient toujours ridicule.

 

La deuxième critique relève un nouvel exemple de la désertion du terrain politique. On NE veut PAS dire pourquoi on est « Indignés », ou du moins on ne veut pas le dire d’une manière qui puisse concerner l’ensemble des individus participant au mouvement.

Comprenez que cela ne dérange a priori personne d’exprimer à titre personnel les divers points qui peuvent déranger, mais qu’il est exclu d’emblée de fixer au mouvement une ligne directrice, même vague, et ce par peur de diviser les gens.

 

C’est une contradiction qui peut faire sourire, mais qui souligne à quel point la seule perspective d’une lutte paraît inenvisageable (comment combattre ce qu’on ignore ?).

 

Contradiction car ces gens disent vouloir regrouper autour de certains thèmes « le peuple » (cette chimère) sans pour autant assumer ces thèmes.

 

On retrouve derrière ce comportement une espèce de niaiserie vicieuse qui laisse entrer n’importe qui et n’importe quelle idée, pour peu qu’elle soit la conséquence d’une « indignation ».

 

À quand la lutte révolutionnaire aux côtés des partisans PS/UMP/FN… ? Bien que tous soient d’accord pour désigner, toujours personnellement, le capitalisme comme étant à l’origine de la plupart des maux de la planète, il est hors de question d’inscrire le mot « anti-capitaliste » dans le manifeste du mouvement, toujours pour cette raison qu’on ne veut pas diviser ou faire peur aux gens.

 

Au final on obtient donc une espèce de marasme idéologique (et j’insiste sur la signification première de ce mot) flasque qui ne sait ni d’où il vient, ni où il va, ni avec qui, donc qui est voué, nécessairement, à l’échec.

 

Cet aspect timoré du comportement général (ne mettons pas tout le monde dans le même panier, le mouvement ayant adopté un caractère « démocratique », la majorité l’emporte plus ou moins mais il y a, bien heureusement, des voies dissidentes) m’amène à un troisième point, central et qui me fait avoir des paroles très dures vis-à-vis des individus qui s’expriment dans le cadre des "assemblées populaires" (devenues "assemblées générales", point sur lequel je reviendrai par la suite).


Ce troisième point est celui du rapport à la violence. On le sait, c’est toujours un écueil qui provoque de forts éclats de voix quand il arrive dans un débat, hors il se trouve qu’il a été amené quasiment tous les jours.


Le mouvement « Les indignés » s’inscrit effectivement dans un mode d’action pacifiste revendiqué. Je n’aime pas le pacifisme, je le trouve creux, niais, malhonnête et irrespectueux par rapport aux milliers de gens qui subissent, quotidiennement ou non, la violence du système.

J’estime que le pacifisme vide les corps et les esprits en leur coupant toute volonté offensive et toute portée illégale, il est l’apanage du syndicat qui veut se faire bien voir, mais il n’est pas le compagnon de route du combattant révolutionnaire, il est même son ennemi.

 

Mais… Pourquoi pas, après tout ? Voilà qui est mon point de vue et je n’irai pas empêcher une action pacifiste sous le simple prétexte qu’elle l’est.

 

Le problème se situe dans l’autre sens et soulève encore une fois une contradiction fondamentale.


Premièrement on remarque que la définition donnée à « violence » n’est pas claire dès le départ, ce qui donne lieu à d’interminables débats stériles pour savoir si telle ou telle chose est violente ou ne l’est pas (pour vous donner un ordre d’idée de ce qui est acceptable pour « Les indignés », sachez qu’il a été jugé qu’un entartage était trop violent).


Deuxièmement, et là on retourne dans des schémas de pensée absolument dégueulasses, leur obsession du pacifisme est telle qu’il a été proposé PLUSIEURS FOIS de créer une « Commission de vigilance à la non-violence », c’est-à-dire un groupe de gens qui surveillerait les autres et les empêcherait de commettre des actes jugés violents.

 

En langage courant, on appelle ça une police.

 

On retrouve les vieux comportements bureaucratiques autoritaires qui ont déjà fait leurs preuves, cette volonté d’imposer une marche à suivre, un code, et toujours parce qu’on veut « massifier », la perspective d’exclure les éléments indésirables, ceux qui gênent, qui donnent une mauvaise image. En gros, ils sont tellement opposés à la violence qu’ils sont eux-mêmes prêts à l’exercer pour l’empêcher. Bien sûr, ils vous diront que c’est faux, la violence morale, ça n’existe pas…


Puisqu’on parle du rapport à la violence, il faut également parler du rapport à la police.

 

Le campement situé sur l’Esplanade a été détruit plusieurs fois, les regroupements évacués et il y a eu quelques arrestations (simples contrôles d’identité).

 

Pour protester contre ça, il a été proposé de se rassembler devant l’Hôtel de Police situé à quelques pas de là et de, par exemple, se faire passer pour mort sous les coups de la police.

 

Aussitôt dit, aussitôt honni. La foule pacifique hue à en perdre haleine et crie à « L’alimentation de la haine ». Là, on a tout entendu, des propos les plus mièvres (« Les policiers sont aussi des êtres humains qui ont les mêmes problèmes que nous ! ») aux plus scandaleux, masochistes, gerbants, débiles (« La police elle nous tape dessus mais on l’aime bien quand même et il faut lui dire. »).

 


On pourrait aussi parler de l’Inde, citée comme « la plus belle démocratie du monde ». On pourrait évoquer les paroles de certains qui disent « s’inspirer » de la place Tahrir et des révolutions arabes. Mais je crois qu’on est déjà tombés beaucoup trop profondément dans le grotesque et l’ignoble pour que ça soit intéressant de continuer.

 

S’est produit également le glissement d’« Assemblée populaire » vers « Assemblée générale ».

 

La différence est fondamentale. Avant le début de l’assemblée, les différentes commissions se réunissent (actions, logistique, communication…) et l’erreur, pointée dès le départ, est que l’assemblée débute par le compte-rendu des commissions.

 

Les gens qui viennent à dix-neuf heures, prévenus qu’ils ont été, assistent donc pendant une à deux heures à ce qui n’est rien d’autre que l’administration du mouvement, l’organisation de la vie du campement et de temps en temps un peu branlette électorale sur une virgule de tel ou tel tract.

 

Le côté « populaire » a complètement disparu au profit d’une « Commission d’organisation de l’AG » qui décide à groupe restreint (certes ouvert à tous mais la grosse majorité des gens n’ont pas forcément ni le temps ni l’envie d’y participer) de la façon dont va se dérouler l’AG.

 

Quand un camarade a fait remarquer récemment, avant que l’AG débute, qu’il faudrait que les compte-rendus des commissions et tout ce qui concerne la vie du camp soient discutés avant ou après l’assemblée afin que les passants puissent s’arrêter et s’exprimer sur des sujets qui les concernaient (ce qui est le principe fondamental de l’assemblée populaire), il lui a été répondu : « Ce n’est pas ce qui a été décidé à la commission d’organisation ».

 

Si on renifle, on sent comme l’odeur du cadavre de Staline.


Un autre point, qui n’a lui non plus rien de nouveau, concerne le rapport aux médias que je qualifierai de schizophrène.

 

Il y a toujours cette fascination du journal, cette joie immense d’y être, d’exister, enfin, socialement, d’être reconnu par la communauté médiatique et d’y trouver une certaine légitimité. On continue donc sur une démarche séductrice, on doit appeler les médias, on doit leur plaire, leur montrer nos plus beaux atours, et faire en sorte qu’ils parlent de nous beaucoup, et en bien. On se retrouve donc forcés de faire deux choses :


1°) Faire ce qu’il faut pour avoir une bonne image. La place de la Comédie et l’Esplanade sont à Montpellier deux lieux de rencontres pour les sans-abris, les marginaux, les punks à chien…

Donc ils venaient tous les jours, ou presque, au camp et aux assemblées générales.

La majorité d’entre eux était vraiment cool, ils discutaient, aidaient pour la bouffe, pour la mise en place de diverses choses etc. mais quelques-uns d’entre eux devenaient parfois agressifs ou perturbaient les assemblées par des prises de parole intempestives, la plupart du temps ivres. Il y a eu à maintes reprises des rixes qu’il a fallu gérer mais jamais rien de grave.

Bref, puisque ces gens « complètement bourrés » donnent une « mauvaise image du mouvement », un groupe de quatre ou cinq personnes s’est pointé la semaine dernière au début de l’assemblée générale pour dire « Il est désormais interdit de boire de l’alcool en assemblée générale ! Si certains veulent boire, qu’ils s’écartent de l’assemblée ! »

 

Vous voyez donc le genre de méthodes employés par des gens qu’on ne peut plus qualifier autrement que par « sociaux-démocrates ».

 

2°) Se contenter de faire uniquement ce qui rentre dans un cadre strictement légal (et ce à un tel point qu’on s’inquiète même d’apposer « Ne pas jeter sur la voie publique » au bas des tracts) afin que les médias ne puissent pas dire que nous sommes de vilaines personnes qui veulent tout détruire et donc se condamner à rester attentivement à l’intérieur des lignes tracées qu’on dit pourtant vouloir redéfinir.

 

« Tracter » devient pour le coup une seconde nature, un nouvel objectif de vie. On tracte, on tracte, et quand on n’a plus de tracts, on va en imprimer et on recommence.

Sur la Comédie, il y a un McDonald’s, plusieurs actions le concernant ont été évoquées mais… « Il ne faudrait pas être en mauvais terme avec nos voisins ».


Et je parlais de comportement schizophrène parce qu’à côté de cette envie dévorante de figurer au sein des plus grands médias, on retrouve néanmoins une certaine méfiance vis-à-vis de ces derniers : « Tous des menteurs », « Ils ne disent que ce qui arrange la mairie »… En fait, on en déduit qu’au-delà même de toute volonté subversive (dont on finit par se demander si elle existe vraiment), ce qui détruit ce mouvement est, en partie, la même chose que ce qui a détruit les autres, à savoir le besoin viscéral d’être nombreux, et en attendant : l’inaction.

 

La volonté clairement affichée de se passer des partis politiques et des syndicats, de ne se revendiquer d’aucune couleur politique est dans le fond une bonne chose. La méfiance vis-à-vis de la récupération du mouvement par les politiciens existe et les gens n’ont pas envie qu’on leur prenne ce qu’ils ont construit. Néanmoins, cela est poussé à un tel point qu’on en vient à renier toute affiliation politique, à refuser tout débat qui ne font que diviser les gens et créer des hostilités. Au final, et c’est ce que je disais au début, le « peuple » se retrouve sans trop savoir pourquoi, ni comment et la mesure de la force du mouvement ne se fait plus à la puissance de sa pensée et à sa détermination mais simplement au nombre d’individus qui le composent. En gros, on peut interpréter ça comme étant un processus qui divise malicieusement ces gens qui proclament l’union car ce qu’ils cherchent n’est pas une force basée sur des intérêts communs, des liens entre les personnes et des envies concordantes qui permettent de constituer une conscience de groupe (pour ne pas dire de classe), mais simplement une force basée sur une somme d’individus qui pourraient, a priori, n’avoir rien ou presque en commun, c’est-à-dire des forces isolées et contraires.

 

Quand on s’interroge sur cette fascination morbide pour le pacifisme, on retrouve Nietzsche qui disait déjà il y a cent ans, que le Christianisme avait réduit l’être humain occidental à l’état de larve incapable de se défendre, de se battre et de faire valoir son droit à la vie en lui imposant systématiquement un comportement de victime du divin. « Ne juge pas ton prochain », « Si on te frappe une joue, tends l’autre joue »… sont autant de proverbes et d’enseignements deux fois millénaires qui désactivent toute envie de révolte (toute volonté de puissance).

 

Bien sûr, ces enseignements ne sont plus endoctrinés aujourd’hui de la même manière qu’ils pouvaient l’être à l’époque de Nietzsche ou encore avant, mais ce sont néanmoins des fondements que l’on retrouve dans l’obligation citoyenne de soumission à l’autorité par exemple, ou dans les propagandes que l’on a pu voir sur des mecs comme Gandhi (dont l’icône est sans cesse adulée par les pacifistes qui du même coup crachent sur tous ceux qui sont morts lors d’attentats pour la cause que défendait Gandhi et qui ont, eux aussi, grandement participé à la victoire contre l’Angleterre) ou Martin Luther King. On est à une époque du refus de la confrontation, où la peur du rapport de force prédomine et coupe court à toute velléité révolutionnaire, c’est l’ère du « Tous d’accord ».

 

D’ailleurs on remarque lors des assemblées quotidiennes la conviction partagée que si les gens ne nous rejoignent pas, ce n’est pas parce qu’ils s’en foutent, ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas de conscience politique, ce n’est pas parce qu’ils ont d’autres opinions, non, c’est juste qu’on s’y prend mal et qu’on ne leur donne pas envie de venir nous rejoindre.

 

On n’imagine même pas qu’on puisse avoir à combattre, littéralement, un adversaire déclaré, qu’on puisse avoir des ennemis qui s’opposeront à nous et contre lesquels il faudra vaincre ou périr.

 

C’est de l’idéologie pure et simple, une version biaisée du réel qui ne tient compte que des informations localement vécues (pour un mouvement qui se prétend international, ça la fout mal) et qui est capable d’opposer bisous et chansons à matraques et pistolets, qui ose passer des heures à déblatérer pour rien avec des flics qui disent « On n’a pas le choix » plutôt que de prendre les devants et décrocher ce qui doit nous revenir.

 

Bien évidemment, ce n’est pas le manque de radicalité qui m’a fait fuir, comme beaucoup de copains, ce mouvement.

 

Je ne m’attendais pas à ce que dès les premiers jours se construise une critique radicale et nouvelle du capitalisme, prête à prendre les armes.

 

Ce qui me dérange énormément, c’est l’hypocrisie qui consiste à reproduire consciemment des schémas qu’on dénonce, et l’autoritarisme qui en découle.

 

Le mouvement de foule, stupide, qui coupe la parole ou hue quand on parle d’occuper un Pôle emploi pour lutter contre la précarité, mais fait silence ou applaudit quand on parle pendant une heure de la possibilité éventuellement envisageable de soumettre au vote la réécriture du manifeste.


Il y a toutefois du positif. Certaines personnes découvrent totalement la politique et apprennent qu’il est possible de construire sans gouvernement. Néanmoins, cela est fait dans un tel cadre que ça ne peut rien amener d’autre que ce qui existe déjà : du militantisme politique à la sauce CGT/Unef/PS…


Voilà pourquoi le mouvement des indignés sur Montpellier ne peut, à mon sens, au mieux servir qu’à grossir les rangs du NPA.Et tout aussi bien de n'importe quoi d'autre...//NDLR//

Jeudi 9 juin 2011.

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commentaires

G
<br /> <br /> Baahh!<br /> <br /> <br /> En doux Helvétistan, le mouvement "les indignés" n'a pas marché. Peut-être quelques uns qui se sont bourrés la gueule après, mais il n'y a pas d'indignés!<br /> <br /> <br /> D'ailleurs, au vu de ce qui se passe dans d'autres pays, ne serait-ce que voisins, ce serait fort de chocolat si nous nous indignons.<br /> <br /> <br /> Non! L'indignation, chez nous, elle est individuelle et ne repose que sur quelques actifs qui iront gratter le pavé pour obtenir les 100'000 signatures...pour ce qui est du fédéral, entends-je!<br /> <br /> <br /> L'indignation, on la garde assez pour soi...pour ce qu'on nous écoute!!<br /> <br /> <br /> <br />
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