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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 10:34

 

On ne pouvait finir cette année sans trouver un petit conflit ignoré quelque part. Alors, penchons-nous 60 secondes montre en main (dictature temporelle imposée par les internautes), sur le Kazakhstan dont les habitants sont les Khazakhs et non les Casaques, ni les Cosaques et encore moins les Prozakhs. Ce pays, qui a acquis son indépendance le 16 décembre 1991 suite à des manifestations du...16 décembre 1986, après la nomination d'un Russe à la tête de ce que fut une province de l'URSS, période trouble du début du déclin du bloc soviétique, est devenue une petite République indépendante, 65 fois plus grande que la Suisse et tout aussi tranquille puisque dirigé par un dictateur de renom: Noursoultan Nazarbaïev.

Le Khazakstan roule sur l'or noir des deux ressources pétrolières basées à l'Ouest du Pays, celle de Tengiz, en activité, et celle de Kashagan, un gisement offshore en mer Caspienne, dont l’exploitation débutera en 2013 et qui est l'une des plus grosses réserves de pétrole connues au monde. Une richesse qui profite à la population kazakhe. A toute la population...vraiment? Non, les 15,5 millions de Kazakhs ne sont pas tous riches. Dans les faits, plus on s'éloigne des villes, plus il y a d'inégalités.

 

Petite carte que j'ai piquée sur le site de l'excellent quotidien Le Temps

Prenons la région de Manguistaou, (4 fois la Suisse) et qui a une population de 317'000 habitants. Ajoutons des multinationales telles que Chevron, Total, ENI et leurs ouvriers spécialisés du monde entier qui y installent leurs infrastructures. La population, elle, ne voient que dalle des bénéfices du pétrole. Les ouvriers khazakhs sont moins bien formés, donc moins bien payés et l'écart entre privilégiés et pauvres se creuse.

En mai 2011, des grèves éclatent mais rien ne bouge.

Le 16 décembre 2011, les émeutes dégénèrent et la police ouvre le feu. Bilan: 14 morts officiels, plus selon les officieux. Les troubles s'étendent et l'état d'urgence est décrété pour rétablir l'ordre. Or le 16 décembre est aussi la date des émeutes d’Aktaou qui coïncide avec le double anniversaire cité dans le 1er paragraphe de cet article.

En fait, le Kazakhstan est un pays de culture tribale dont les intrigues, les rivalités et l'argent va dans certaines poches de manière opaque. Au niveau local, les compagnies pétrolières nationales KazMounaiGaz et OzenMunaiGaz, jouent de ces rivalités tribales.

Il faut aussi compter sur les islamistes, à qui le Printemps arabe a donné des idées, et qui constituent un autre facteur de déstabilisation. Des cellules recrutent dans les population ou Kazakhes et Turkmènes de Manguistaou.

Noursoultan Nazarbaïev espère bâillonner le soulèvement par la répression en coupant le téléphone + Internet, et déploie les troupes militaires dans les zones sensibles.

Le 17 décembre 2011, alors que le «président» est en visite officielle à Moscou, il avertit qu'il ne tolérerait aucun trouble.

Le 22 décembre 2011, Nazarbaïev licencie son gendre Timur Koulibaïev, directeur général de Samruk-Kazyna, une holding qui détient à 100% les compagnies pétrolières KazMunaiGaz et OzenMunaiGaz, les deux firmes qui emploient la plupart des ouvriers grévistes. Timur serait un mauvais gestionnaire et serait à l'origine des émeutes. Nazarbaïev, lui, promet des subsides aux ouvriers, mais conscient du mécontentement et craignant un printemps Kazakh, il décide d'avancer la date des élections législatives au 15 janvier 2011, prenant de court l'opposition qui n'a pas le temps de s'organiser. Un tour de passe-passe du dictateur au pouvoir depuis 1991 et qui s'est octroyé le droit d'être président autant de fois qu'il le désire.

Timur Koulibaïev lui, fait l’objet d’une enquête en Suisse pour blanchiment d’argent. Dans les banques pense-t-on de suite. Que nenni! Dans l'immobilier. Et de voir pour y croire des villas genevoises passer du simple à 15 fois le prix...

Quant à Noursoultan Nazarbaïev, il achète la paix sociale avec les milliards de rente pétrolière et devant cette foule reconnaissante, il se paie un culte de la personnalité déjà testé par plusieurs dictateurs aujourd'hui déchus. Les Khazakhs l'appellent le «Chef de la Nation» et ce dernier met les siens aux postes clés du pouvoir.

Pour les vingt ans de l’indépendance, en décembre, les parlementaires ont décidé de conférer un titre nouveau à leur président, celui de «Héros du peuple» (Khalyk Kaharmany), qui confère l’immunité perpétuelle au Père de la Nation. Et ce «P'tit Père» a envie de le rester de façon indéternam. C'est pourquoi il pousse ses scientifiques à trouver l'élixir de jouvence qui lui permettra de rester éternellement au pouvoir.

Et c'est aussi pourquoi le «P'tit Père» ne veut pas que ses fêtes de fin d'année soient troublées par une opposition qu'il bâillonne en jetant les protagonistes en taule où ils seront un peu torturés, et instaure le couvre-feu jusqu'au 5 janvier 2012, date à laquelle Nazarbaïev aura digéré son caviar et champagne!

Quant aux 21 activistes khazakhs qui vivent aux USA, ils ont tenu, le 30 décembre 2011, un piquet de grève devant la mission du Khazakhstan auprès de l'ONU à New York pour dénoncer la répression brutale de la dictature dans leur pays.

Si on ose faire le parallèle avec le piquet de grève pour le camp d'Achraf en Irak, il y a tout lieu de penser que l'ONU n'en aura rien à cirer!

 

Petite vidéo

 

http://www.faicmfsf.org/2011/12/31/une-petite-emeute-pour-clore-2011-le-khazakhstan/

 

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