Cette couv' de Philippe Decressac particulièrement intéressante. Probablement la meilleurs couv', à mon sens, que la Mèche ait publié jusque là. Tandis que Charlie Hebdo (puisqu'il est d'usage de comparer entre eux les journaux dits "satiriques") se borne à agiter l'épouvantail policier, avec une couv' convenue et pas franchement folichonne (et même franchement laide) signée Charb (voir plus bas), La Mèche pointe nos propres limites, nos propres faiblesses et notre soumission aux chefs syndicalistes ne manquant pas une occasion de se vendre, et de nous vendre au Medef.
Elle a bon dos la "révolution", la menace de "grève générale", lorsqu'elle n'est plus qu'une accroche publicitaire bonne à faire rêver les naïfs et à vaguement agacer les puissants. Jamais ces vendus n'oseraient évoquer les quelques revendications qui seraient réellement en phase avec ces idées de révolution et de grève générale, et véritablement justes et nécessaires pour les travailleurs se crevant à la tâche, comme par exemple l'appropriation des moyens de production par les travailleurs. L'autogestion en somme. Loin d'appeler à la grève expropriatrice, les patrons de syndicats font mine de s'offusquer des décisions gouvernementales et appellent à défendre un modèle qui est déjà au service du pouvoir et qui mériterait largement d'être critiqué.
Ainsi, le dessin de Decressac pointe l'hypocrisie de ces chefs dont nous devrions nous débarrasser, influant beaucoup de leurs militants bien trop égoïstes et individualistes pour vouloir se donner les moyens de changer la société de fond en comble. La révolution? Oui, mais sans trop de heurts, sans trop de conviction, et "seulement ce jour là entre 13h et 19h, après il y a Derrick à la télé et moi je dois bosser demain" (caricatural, certes, mais assez proche de la réalité).
Il est facile d'enfoncer les portes ouvertes en montrant que l'Etat est policier et autoritaire, comme l'a fait Charlie, mais il est beaucoup plus courageux de montrer que la revendication sociale n'existe aujourd'hui que sous la forme bovine d'une servitude volontaire entretenue notamment par les grands syndicats. Ces derniers appellent à l'arrêt du blocages des usines, des universités et des bureaux, etc., lorsqu'il devraient encourager la population à virer leurs maîtres à grand coups de pompes et à renforcer la grève jusqu'à la rentre totale et réellement révolutionnaire. Le fait est qu'ils mangent à la même table que le pouvoir et que leur tâche est bel et bien de veiller à ce que la population ne songe pas à briser ses chaînes.
Merci à La Mèche et à Decressac, donc, d'avoir publié un dessin si juste et de n'avoir pas choisi de s'aligner sur l'ordre lancé par le pouvoir et ses nombreux serviteurs de rentrer dans le rang. Merci d'avoir cherché à dresser le juste portrait d'une population qui, si elle veut se libérer de l'oppression constante de ce que nous pourrions définir comme une mafia mondiale - dont Sarkozy est un des représentants les plus écoeurants en France - ferait bien de changer radicalement de méthode. Et vite!
Favien .Moreau
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