-COMMUNIQUE -
Acte I Scène I : la mise en place du décor
Devant le tribunal de Francfort, ce Vendredi 21 Septembre à 8h, une heure avant la séance d’ouverture du procès de Sonja Suder et Christian Gauger, une centaine de personnes, venues de plusieurs villes d’Allemagne et de France, déploient des banderoles en allemand, anglais, français et grec.
Après une fouille au corps assez poussée, nous entrons un(e) par un(e) dans la salle d’audience. Ou plutôt dans la partie réservée au public, séparée du tribunal par une haute vitre épaisse surmontée d’un filet. Impression d’enfermement et d’exclusion désagréable, mais après tout, c’est moins insupportable que ce même traitement de mise en cage réservé aux accusés dans les tribunaux français et italiens…
Christian entre, extrêmement pâle, d’une démarche calme mais épuisée. Il est coiffé d’une casquette à large visière et porte des lunettes fumées : il manifeste ainsi sa constante détermination à faire respecter, dans notre société du spectacle, le droit de chacun à contrôler la diffusion de son image. Il y a, dans ce personnage fragile ainsi accoutré, une puissance expressive digne d’un Buster Keaton : ce calme courage d’être soi-même, au cœur de la mise en scène du pouvoir le plus intrusif, celui de juger de la valeur des actes d’autrui, libère le plaisir du défi candidement rusé de tous les David face aux Goliath. Sonja rentre à son tour, coiffée d’une casquette de baseball, bronzée (c’est que, comme le font les chats, elle a suivi tout l’été le mouvement du soleil dans la cour de la prison), le regard à l’abri de grandes lunettes de soleil. A la lumière de cet éclat de vie, les gesticulations des photographes et des cameramen pour trouver « un angle d’attaque », leur hystérie grossière, apparaissent pour ce qu’elles sont, odieuses, mais surtout ridicules : face à cet assaut, Christian plonge son nez dans son col qu’il relève, on crie notre rage…mais dans le fond on s’amuse!
Les chasseurs d’images quittent la salle, Sonja et Christian dégagent leurs visages, Sonja remet de l’ordre dans ses boucles, nous, on s’entend applaudir.
Place aux choses sérieuses.
Acte I Scène II : le coup de théâtre des accusés/accusateurs
Avant qu’un procès puisse s’ouvrir, il faut procéder à un interrogatoire de personnalités. Il s’agit d’établir qui sont les personnes en présence. Quand arrive le tour de Christian, son avocat informe la Cour que son client ne déclinera pas son identité, parce qu’il dépose une demande en récusation des juges, qui sont seuls, par leur statut, habilités à le lui demander.
L’avocat entame alors une longue déclaration, description détaillée des conditions dans lesquelles le témoignage de Hermann Feiling, seule « pièce » au dossier de l’accusation, a été recueilli à l’époque, il y a 35 ans ! (Nous ne disposons pas encore de la traduction de cette déposition, mais un récit des dysfonctionnements effarants de l’enquête a déjà été fait depuis longtemps. Cf document joint). Il en conclue que la prise en compte du témoignage de Feiling par les juges pour la rédaction de l’acte d’accusation contre Christian, revient à admettre qu’on peut entendre un témoignage alors que le témoin a subi pendant des mois une violence et un isolement qui ne lui laissaient aucune liberté de jugement : or ceci est contraire au droit et la récusation vise à le rétablir.
Puis c’est au tour de l’avocat de Sonja d’intervenir. Il demande et obtient une interruption de séance, pour discuter avec Sonja de son éventuel ralliement à la requête de Christian. Les juges et l’accusation quittent la salle.
Moment de grâce : Sonja et Christian nous envoient signes d’amitié et bisous, un camarade siffle un chant de résistance italien, on se laisse emporter à notre tour, un peu étonnés de ne pas être rappelés à l’ordre, voire expulsés. D’un Etat à l’autre il y a en effet des glissements déroutants sur le terrain des règles de droit … Parfois cela scandalise l’observateur « étranger » (la longueur des temps de prescription, la rigueur de l’enfermement préventif etc…), parfois on est positivement surpris, comme dans la manière de traiter les manifestations, le droit d’expression dans les tribunaux, les droits de la défense qui, selon les avocats, sont plus larges qu’en France etc …
A la reprise de séance, la plupart des camarades français quittent la salle pour laisser entrer les militants allemands qui attendent dehors.
L’avocat de Sonja annonce que celle-ci se joint à la requête en récusation des juges de Christian. Il y ajoute une raison de plus, qui concerne l’accusation qui pèse sur Sonja seule : la prise en compte par les juges, pour l’établissement de la qualification de l’accusation de Sonja, du témoignage de Hans Joachim Klein. Ce témoignage était lié à un marchandage qui « permettra » l’abaissement de la qualification de son crime et à un allègement de sa peine, et de plus, en 2001, le tribunal de Francfort avait reconnu que sa parole n’était pas assez cohérente et constante pour justifier une condamnation de celui qu’il dénonçait.
En considérant ce témoignage comme recevable pour qualifier les charges qu’ils font peser sur Sonja, les juges ont failli à une règle de droit : l’absence de parti-pris, qui aurait dû introduire le doute sur la culpabilité de Sonja et sa mise en liberté pendant la procédure.
Une deuxième interruption de séance rétablit le contact chaleureux entre Sonja, Christian et nous. Sonja reprend les chants de lutte que nous entonnons désormais à plein poumons !
L‘acte II ne sera pas joué, le procès n’est pas commencé !
Ces requêtes occuperont toute la séance. Une autre instance devra décider de les rejeter ou de les accepter
Qu’est-ce qui s’est joué là ?
Ce recours, parfaitement légal, grippe la machinerie bien huilée de cette procédure :
En effet, il fallait, avant la lecture de l’acte d’accusation, mettre en lumière la façon dont ont été établis les témoignages qui sont le seul support de ces accusations. Et ceci devant les médias et la foule des observateurs mobilisés pour cette première séance.
Ainsi, même les articles de la presse la plus conservatrice, qui sont convaincus d’avoir affaire à deux « terroristes » manifestent un réel malaise face à ce fondement nauséeux des accusations et au manque de preuve pour les étayer.
C’est un début, un tremblé dans l’image que l’accusation voulait donner de ce procès, celle du triomphe de la constance de la justice contre deux terroristes en fuite, impénitents et impunis, enfin arrachés à leur longue planque !... mais le danger est loin d’être écarté.
Les enjeux humains et politiques de ce procès sont énormes !
Le témoignage de H Feiling suffit aux juges pour fonder l’accusation de « mise en danger de la vie d’autrui », et celui de Klein, l’accusation de triple assassinat (crime avec préméditation) contre Sonja !!
Le montage de l’accusation fait penser à une « Compression » du sculpteur César, qui écrase des voitures pour en faire des galettes, réversibles comme le recto/verso d’une feuille de papier, où tout se confond, sans qu’on puisse retrouver les articulations intelligentes entre les pièces de moteur et de carrosserie, qui faisaient de cet objet une voiture.
La responsabilité de la défense, avocats et soutiens, est de reconstituer les espaces temporels, factuels, humains, politiques…, dans lesquels des rapports se sont construits et défaits, chaînes de faits et d’actes qui, pour la plupart, sont aujourd’hui insaisissables, donc in-jugeables. Même si (surtout si !) ce dans quoi ils s’inscrivaient, la chair vive de l’Histoire, constitue encore notre présent.
Ayons toujours en mémoire que les juges, sourds à la cruauté absurde de la séparation de ce couple lié par des dizaines d’années d’une entraide que l’état de santé de Christian rend désormais nécessaire à tous les instants, ont justifié le maintien en détention de Sonja par la gravité des charges qui pèsent sur elle, et le risque qu’en conséquence elle court, étant donné son âge, de finir sa vie en prison… ce qui rend plausible qu’elle tente d’y échapper!!!!
Une présence constante d’observateurs à toutes les audiences
sera nécessaire pour donner à voir l’inconsistance de chacune des mises en scènes de récits irrecevables que l’accusation veut faire passer pour vérités établies. Regard critique, à transmettre largement, sans relâche, à tous les individus, groupes, associations, mouvements politiques, médias papier, radios, sites et réseaux sur le Net… qui sont à la portée de chacun de nous !
Cette bataille est la nôtre, s’y joue non seulement deux vies, mais le sens de luttes dans lesquelles nous nous reconnaissons, contre des mécanismes d’oppression auxquels nous nous heurtons encore aujourd’hui, et des crimes d’Etat qui ensanglantent encore le présent (cf le résumé de leur histoire et des accusations) .
Rien ne peut nous en dispenser, ni le déséquilibre des forces,
ni l’urgence de tant d’autres causes qui nous occupent.
En quelques mois, tout sera joué,
il nous faut gagner !
-(Ce texte est publié tel quel. Il est l'expression de ses auteurs.
Nous n'y sommes nullement intervenus autrement que dans le choix des illustrations)-
(Steph)
Je me poussais un peu au delà des conséquences du jour -mes joyeux rayons- me disant qu’il ne pouvait se concevoir de laisser passer une saloperie pareille sans rien en dire au prétexte que nous serions dans l’ignorance du déroulement effectif de l’affaire…
Comme si cela était indispensable d’avoir une appréciation/estimation “détailleuriste” de cette vilaine et odieuse combine associant comme il est permis de le supposer une collusion odieuse et même contre-nature entre la police et cette population elle-même stigmatisée, précarisée , mise à l’index souvent, abonnée au Pôle-Emploi, vaquant dans un urbanisme concentrationnaire déglingué, mal nourrie et mal soignée dans ses propres maladies, qui vacharde se sera dégotée une autre population encore plus affaiblie, atomisée et isolée qu’elle ne l’est elle même pour se livrer dans la cité phocéenne aux “premiers pogroms spontanés” -(du moins si l’on en croit les merdia!- sous la bienveillante protection de la police et même des “zélus” si proches dans l’ensemble de cette extrême droite qui dans la région bat des records en matière de crasse et de xénophobie.
Cette population qui pourtant se bouffe aussi cette saloperie en pleine poire chaque jour et s’en va maintenant cramer les campements de “Rrom’s, de Tziganes, de Manouches qui, avant d’être condamnés à la rue, à camper au bord des décharges, sous les bretelles autoroutières étaient part intégrante de la ville même de Marseille et pas seulement puisque c’est tout le littoral méditerranéen qui se trouve concerné et imprégné de cette culture et qui sous nos yeux se commet maintenant en de pareilles monstruosités…Que nous dit-on? Que l’évacuation aurait été pacifique??? Comme si il était concevable que de pareils narvallos puissent expulser des familles entières sans s’exposer à quelques paires de baffes bien méritées…A moins que la police, forte de ses matraques, de ses tazers et autres tonfa n’aie “su” imposer ce calme étonnant, cette résignation dont sans honte aucune, sans évoquer l’ombre d’un premier élément de doute les média se font l’écho réjouit et servile…
Il ne nous est pas possible de croire à cette immonde fumisterie que constitue cette expulsion “pacifique” du campement des nomades. C’est avec colère que nous regardons les habitants qui s’y livrèrent devançant ainsi à la fois la flicaille et Manuel Valls-Tango-Charlye!!!
Il est bien difficile de “comprendre”, ce qui reviendrait à “prendre avec, il est tout aussi difficile de ne pas exploser de rage et de ne pas cracher notre mépris à la gueule de ces salopards-là…
Il suffirait pourtant de rappeler ce que sont les fonctions historiques, de tout temps et hors temps, du “Lumpen Prolétariat”…
Comme on le voit: c’est guère reluisant!!!
Steph.K
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Ne pas laisser dire ni laisser faire!!!
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