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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 01:12

samedi 16 mars 2013 à 16h30

Rencontre-débat avec Jean-Pierre Martin autour de son livre

La rue des précaires. Soins psychiques et précarités

http://www.demosphere.eu/node/34932

Editions Erès

 

http://www.demosphere.eu/files/maps/dmap_48.8651378_2.3663924_15.pngEn introduisant la toile de fond politique et historique de la lutte contre la pauvreté depuis le Moyen Âge, puis l'émergence de la notion de précarité et des inégalités sociales, nous n'avons pas abordé précisément en quoi le discours sur la précarité produit un nouveau paradigme : celui de renvoyer « l'être sans » à son défaut d'adaptation psychologique, tentative de réduire l'anthropologie à une science de la nature.

C'est cette dimension à laquelle la psychiatrie est sommée de répondre par les gouvernants actuels, nouvelle version de dire la vie de ce que Michel Foucault relevait comme un discours sur « des hommes infâmes », ces hommes sans réputation, à la rue, qui arrivent, pour un bref instant, « d'être tirés de leur obscurité par les faisceaux du pouvoir... atteignant le point le plus intense de leur vie ». Ils représentent tous les « sans », dont les fous dans les lieux de soins psychiatriques.

Le psychiatre est donc habitué à côtoyer cette souffrance sociale, mais le plus souvent l'ignore au nom de sa science. Cet engagement à leur côté et le combat pour la reconnaissance de leurs droits sont donc consubstantiels de la connaissance anthropologique. Nous retrouvons en effet chez les précaires ce discours arbitraire sur l'interné, sur l'interdit de séjour, le sans-papiers et les soins « forcés » qui privent de toute citoyenneté. Dans cette référence au sujet social, il apparaît des droits sociaux bafoués et c'est le sens du travail clinique de les réintroduire, de les revendiquer à travers le travail thérapeutique de socialisation. La liberté passe par ce droit au logement, à des ressources minimums, à l'accès à la formation et au travail comme aux soins. Ce combat semble, sans cesse, à recommencer dans une société soumise à une précarité croissante et généralisée, où la vulnérabilité et la disqualification ont des conséquences multiples sur la santé mentale de ceux qui en sont victimes. Soigner est donc une référence collective par son articulation entre réseaux sociaux. Or la violence du modèle de la réussite individuelle qui s'exprime dans la crise financière internationale actuelle, où le cynisme et le mépris de l'autre sont omniprésents, fait émerger la notion de défense psychique collective, qui se traduit aujourd'hui dans le prendre soin solidaire avec les laissés-pour-compte. Nous verrons plus loin les pratiques que ce recours entraîne, mais soulignons, dès maintenant, que cette actualité du care américain est la conséquence de la société néolibérale qui a privilégié l'individualisation de la solidarité dans le self government et sa transformation en marché économique en lieu et place des solidarités collectives. Nous retrouvons ici la question de la naturalisation de l'échec à réussir comme forme de l'anormalité et le recours à une organisation de surveillance de chaque individu. Ce combat pour la reconnaissance du sujet se mène en lien avec ce que nous nommons les tiers du travail thérapeutique que sont les familles, les associations de patients et les partenaires du sanitaire et du social, mobilisés par la personne errante ou précarisée, quelles qu'en soient les causes. Contrairement à ce qui est souvent dénié comme une tâche clinicienne par de nombreux psychiatres, ce travail relationnel multiple est autant d'approches du symptôme et de son traitement.

http://www.demosphere.eu/files/import-images/resized-f159632625acc9bd7c776f526d55898e.png


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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 12:29

http://luttennord.files.wordpress.com/2012/12/14135_111634119000149_1306221860_n.jpg?w=614&h=331

Le Resto Soleil une nouvelle fois attaqué par les Nazillons Lillois

Publié : le 10 décembre 2012 par luttennord dans Infos

Nous reproduisons ici le communiqué du bar « Le resto Soleil » de Lille agrémentés de quelques photos des agresseurs.


Vendredi 30 novembre 2012, 2 heures du matin, un jeune homme excité bouscule le portier du Resto Soleil, rue Henri Kolb à Lille, traverse la salle en faisant claquer une grosse ceinture de cuir en criant « Sales Juifs ! Sales Nègres ! Sales Arabes ! ». 

Derrière lui, une dizaine d’autres forcent la porte, s’emparent de chaises et répondent par des« Tchike-tchike… Heil !… Heil !… Heil ! ».


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http://luttennord.files.wordpress.com/2012/12/jc3a9remypiard.jpg?w=870

 

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RIPOSTE UBIQUE ET  IMMEDIATE


Il ne s'agit plus de tergiverser mais bien de nous organiser contre eux !


http://luttennord.wordpress.com/2012/12/10/le-resto-soleil-une-nouvelle-fois-attaque-par-les-nazillons-lillois/

 


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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 09:12
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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 19:09
Non Fides - Base de données anarchistes
)
 
à moi

Chronique d'un chemin caillouteux : Compilation de textes à propos de la répression anti-anarchiste en Bolivie et du prisonnier Henry Zegarrundo

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Le 29 mai 2012 à La Paz, capitale de la Bolivie, une vague de perquisitions est menée par la FELCC (force spéciale de lutte contre le crime), lors de laquelle treize personnes sont embarquées. De délation en délations, il ne reste que cinq inculpés, accusés d'un certain nombre d'attaques incendiaires ou explosives contre l'administration pénitentiaire, le vice-ministère de l'environnement, une caserne militaire, banques et entreprises entre 2011 et 2012. Parmi eux, Henry Zegarrundo est le seul à être resté digne de son éthique anarchiste face à l'Etat et ses sbires, rejetant toute forme de délation et d'innocentisme. Il est toujours incarcéré à la prison de San Pedro à La Paz. Voici donc un recueil de lettres de prison et de textes de contre-information et de solidarité sur la situation du compagnon et sur l'affaire en général, car pour nous anarchistes, la solidarité ne connaît pas de frontières.


Brochure lisible et téléchargeable ici.

 

(Relayé pâr nos soins)


Editeur : Non Fides - Base de données anarchistes
http://www.non-fides.fr

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 12:14

La centrale du Tricastin n'a pas attendu les résultats du conclave au Vatican pour nous faire un coup d'éclat "spectaculaire" visible à plusieurs dizaines de killomètres de là.

 

http://www.franceinfo.fr/sites/default/files/imagecache/462_ressource/2013/02/28/906793/images/ressource/RTR2UGGY.jpg

 

http://www.leparisien.fr/environnement/nucleaire-spectaculaire-incident-a-la-centrale-du-tricastin-01-03-2013-2608315.php

 

Un énôôÔÔôrme claquement, un époustouflant arc électrique a alerté les populations avoisinantes en cours de soirée  à la célèbre centrale nucléaire 1.000 000 OOO de fois honnie. Les Grands Cru de  vins élevés dans la région sont d'ailleurs boudés par les  épicuriens les moins avertis. ( =:- 58% sur le marché américain! =: - 80% sur les marchés asiatiques!).


Les chômeurs et autres SDF ont eux-aussi délaissé cette appelation au bénéfice d'autres pinards à couper le souffle disponibles dans le "hard discount" de la Distribution bas-de-gamme.

 

Les zautorisibilités ont fait savoir qu'il s'agissait-là d'un simple incident sans gravité n'ayant corrompu (sic )en rien  l'environnement aux abords du site.


 

MÊME PAS PEUR !!!!BRRRrrrrr......!!!

 

http://www.leparisien.fr/images/2013/03/01/2608315_tricastin_640x280.jpg

 

(Ouf...On a eu presque peur l'espace d'une micro-seconde!!!)

 

*** 

 

Nous apprenions hier, tout à fait "incidamment" aussi que la recrudescence des cancers à proximité de Fukushima était visible à l'oeil nu.(SIC).

 

_________________________


Froussards que vous êtes

 

!!!



Puisqu'on vous dit que tout ça c'est ragôts et sornettes

 

Le Nucléaire c'est Nippon ni mauvais


 

Le Nucléaire est objectivement sûr à 180 %

 

Parole d'experts


!!!

http://lesazas.files.wordpress.com/2013/03/poichon.png?w=489

(Crédit Photo AZA-PRESS)


Sauf médisances archarnées,

nous affirmons n'avoir trouvé trace de bicyclette

 à proximité des sites de prélèvement de Carpes Rossignol.



(Steph)

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 09:55

Et pendant ce temps-là…Ce vieux monde ne finit pas…


Un papus interruptus et un autre qui s’esbigne.



De Benoit XVI à Stephane Hessel.1 er:

 

La modernité dans les pas de la dévotion à tous ses étages!


(Avez-vous vu qu’on ne vous aura pas trituré le bulbe avec

 

le  "papy des indignéEs"

 

???


L’Homme à l’opuscule offusqué d’un côté.


De l’autre? le sale type à l’homélie urbi & orbi...


Quelle époque cher Cubitus!


 

Va dire à Rome....-"Tata Simone: fissa-fissa"!!!

 

_______________

 

Saintes Mères & Vierges Porteuses

 

http://p7.storage.canalblog.com/78/60/572846/84245275_p.jpg

-( Dessin réalisé à l'ombre du confessionnal par le diablotin Phil. Decressac)-

 

Castelgondolfo


le seul bordelino italiano autorisé

en dehors du Sénat et de la Chambre des Députés


-Une Sainte retraite lubrique-

 

(Steph)

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 09:24
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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 07:20

La rumeur d’expulsion sur la ZAD se précise pour demain matin, le 1er Mars ! Résistance sur la ZAD et partout ailleurs si cela se confirme !

((Une "Ragosse" à NDDL))

http://lutteaeroportnddl.com/2013/02/27/le-president-du-conseil-national-de-protection-de-la-nature-defend-le-bocage-de-notre-dame-des-landes-le-bocage-touche-par-le-projet-est-une-rarete/

 

http://lutteaeroportnddl.files.wordpress.com/2013/02/ob_f3dfad4393fbf938fe3344f3da43f009_secteur-3-alain-martin.jpg?w=199

 

Est-ce que "ça ragosse", les potes qui....?

 

-Clin d'oeil ami à Potocki:"Le manuscrit trouvé à Sarragosse"-

                                                                                                                          (Steph)


 

by collectif de lutte contre l'aéroport de Notre Dame des Landes

Les camarades de la ZAD ont apparemment une source qui leur confirmerait la rumeur d'expulsion pour demain matin (corroboré par le jugement défavorable pour la ferme de Bellevue). Nous restons prudent-e-s, car des infos obtenus auprès de sources nous ont déjà induit-e-s en erreur.

Cependant, la présence plus que massive de forces de l'ordre autour de la ZAD (plus de 80 camions et fourgons de CRS aux dernières nouvelles) nous laisse à penser que quelque chose de gros se prépare. Soit pour demain, soit pour les jours à venir. Et vu leur nombre, ce ne serait pas que pour Bellevue ! A l'instar des camarades de la ZAD, nous appelons aussi à se mobiliser dans tous les lieux de la ZAD menacés. Voir l'appel de la ZAD plus-bas.

Nous ne les laisserons vider la ZAD de toute vie !

Sur NDDL comme ailleurs, résistons à leur volonté de faire de nos espaces et de nos vies de simples usines à fric !

Des membres du Collectif de Lutte Contre l'Aéroport de NDDL

L'appel de la ZAD, visible aussi ici :

LA RUMEUR D’EXPULSION SE CONFIRME POUR DEMAIN MATIN

On n’est jamais sur.e.s de rien mais la rumeur est confirmé par une source à peu près fiable. Nous on est pret.e.s pour demain matin, rendez-vous à 5h30 à Bellevue. CELA DIT, rien ne confirme en revanche que c’est la ferme de Bellevue qui pourrait etre expulsée, d’autres lieux sont toujours menacés. Comme d’hab, c est patiquement toute la zad qui est concernée ; la Sècherie, Bellevue, le coin de la Potironnerie et toute la zone est (Far Ouezt, Nouveau Sabot...) et toutes les barricades et chicanes.

on vous tient au courant, restez dans le coin !

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 15:55

[île de La Réunion] La maison du fondateur local du FN ravagée par les flammes – Bras Canot (St-Benoît), nuit du 24 au 25 février 2013

Incendie dans la maison d’un militant du FN

La nuit dernière, la maison de Maurice Brasier a été ravagée par les flammes.

 

Même si la thèse accidentelle semble privilégiée par les enquêteurs, les leaders du Front National parlent d’un acte criminel. (Toujours en train de chialer ces thons-là!).


Hier, peu avant minuit, la maison du Fondateur du Front National (FN) à la Réunion – Maurice Brasier – a été fortement endommagée par les flammes à Bras Canot, sur la commune de Saint-Benoît. (Benoit est un  blaze très en vogue ces jours-ci..Et il fallait que ces sinistre clowns y aient tout de même une barraque et un restau!!!


Pour le secrétaire départemental du Front National Jean-Claude Otto-Bruc, il ne s’agit pas d’un accident. « Maurice Brasier est en état de choc. (…) Cet évènement est dramatique, c’est le deuxième bâtiment qui est détruit : le mien par écrasement, puis le sien suite à un incendie. Et ce n’est pas du hasard tout ça puisque le plus grand meeting de 2013 s’est déroulé hier »).

En effet, un déjeuner- débat s’est tenu dans le restaurant de Maurice Brasier dimanche 24 février, juste à côté de sa maison personnelle. Dans le coin, ça s'est mis à renifler la vieille haleine fétide au point d'incommoder nombre de riverains d'ordinaires joyeux et festifs, parfois trop concilliants....Mais faut pas pousser non plus!


Un technicien d’investigation criminelle a d’ores et déjà relevé un maximum d’indices sur les lieux du sinistre mais pour l’’heure, c’est bel et bien la thèse de l’accident qui est privilégiée par les enquêteurs puisque le feu serait lié à un problème électrique.


Leur presse (revue et corrigée par nos soins) – L’info.re, 25/02/2013 à 13h20

Cette entrée a été publiée dans action directe, actu, antifascisme radical, désordre, Nique la France, sans frontières et taguée , , , , , , . Bookmarquer ce permalien.

Une réflexion sur “[île de La Réunion] 


  1. Il s’appelait « Brasier »…Déjà une "provocazzionne" en soit; mieux: une alternative!
    En ceci comme en tout, il existe des « soluzzionnes »


  2. Pour le comparse, se nommer Jean-Claude Otto-Bruc ouvre peut-être aussi quelques pistes rigolotes dans le bric-à-brac nauséabond présent sur l’Ile… Sont tout de même culottés que plastronner ainsi impudemment agité  sous le nez des gens sans qu’en retour ne surviennent jamais  de « petits tracas »…


  3. Quoiqu’il en soit:


  4. BIEN FAIT!!!

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 12:24

Un livre dont on ne saurait faire l'économie de lecture d'un bête revers de manche...

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« La violence policière est rationnellement produite et régulée par l’Etat », telle est la thèse du nouveau livre de Mathieu Rigouste, La domination policière, une violence industrielle. Trois ans après L’ennemi intérieur, ce militant et chercheur en sciences sociales analyse la transformation des violences policières dans les quartiers populaires et leurs effets sociaux sur la vie quotidienne.

http://www.lesinrocks.com/wp-content/thumbnails/uploads/2012/12/police604-tt-width-604-height-403-attachment_id-330714.jpg

 

De lEnnemi intérieur:

  A  lire ce livre, on a l’impression que l’ordre policier a été un sujet fort de votre travail. Comment en êtes-vous arrivé à ce livre ?


Je fabrique des outils pour démonter les mécanismes de la domination. Dans L’ennemi intérieur, j’avais étudié l’armée et son influence sur la société de contrôle, ce travail montrait comment les guerres coloniales ont fortement orienté la restructuration sécuritaire du capitalisme tout au long de la Ve République. La manière dont la police s’approprie des personnels, des savoirs et des pratiques, des techniques, des méthodes et des matériels formés par, pour et dans l’expérience coloniale et  militaire – ce que Michel Foucault appelle les « effets de retour » – restait à approfondir. Il semblait nécessaire de faire le point sur les transformations de la police et de sa violence ces vingt dernières années. Pas pour l’amour des livres  mais pour renforcer les luttes.

 

Comment avez-vous circonscrit votre travail dinvestigation et daction ?


Je ne fais pas semblant d’écrire sur une société dont je ne ferais pas partie et que j’observerais depuis un extérieur introuvable. Je ne veux pas masquer le fait que toutes les méthodes et toutes les problématiques sont orientées par l’enquêteur, sa position dans la société et ses points de vue. Sous couvert de distance avec le terrain, de nombreuses études masquent nécessairement les privilèges et les connivences que le chercheur entretient avec la société. Alors j’assume le fait que j’enquête depuis un endroit précis – les territoires et les classes qui subissent quotidiennement et frontalement la domination policière, puis je fournis ces éléments pour permettre de critiquer mes résultats, pour les corriger et faire avancer notre compréhension du phénomène.

J’ai passé une trentaine d’années en banlieue parisienne et une quinzaine d’années dans les mouvements sociaux et militants. Je n’y ai pas fait ce que la sociologie appelle de « l’observation participante », j’appartiens à ce monde et j’y ai vécu de près les transformations de la police. J’ai formulé des hypothèses en mettant en commun les mémoires et les récits de nombreuses personnes subissant directement la domination policière et de collectifs qui luttent sur ce terrain. J’ai confronté ces hypothèses aux recherches universitaires sur la question, à un corpus d’autobiographies de policiers, à des entretiens et des récits de vie menés par d’autres chercheurs avec des policiers de différents corps et différents statuts, à l’observation des blogs de policiers et l’analyse des revues policières, de défense et de sécurité ainsi qu’aux archives de mouvements de luttes contre la violence policière. Du point de vue de l’action, je prends part aux luttes populaires contre les systèmes de domination et d’oppression. Je ne cherche pas à faire de la recherche engagée, il me semble qu’on ne peut séparer l’action, l’enquête et la vie quotidienne. Que l’investigation n’est pertinente que si elle est menée, au service des luttes et à travers elles. Ce travail est d’ailleurs le fruit de réflexions collectives et doit tout à celles et ceux qui combattent au quotidien.

 

Vous parlez presque d’une réactivation dune guerre contre insurrectionnelle dans votre livre. Quels sont les contours de ce champ de bataille ?


J’observe moins une réactivation qu’un processus long où la guerre et le contrôle, l’armée et la police, s’influencent réciproquement au point de quasiment fusionner dans certaines situations. J’affirme que la contre insurrection est la grammaire, la matrice, le programme idéologique et technique qui propulse le système sécuritaire. Mais il s’agit justement ici de bien voir comment s’opère la reformulation, la traduction, l’hybridation de la contre insurrection à l’intérieur de la société française. Il ne me viendrait pas à l’esprit d’expliquer que nous vivons la même chose que la guerre d’Algérie ou que les déploiements militaires en Irak. Mais j’observe que nous faisons face, dans les enclaves ségréguées de la société post-coloniale, à une forme de contre insurrection de basse intensité, médiatique et policière. Le quadrillage militaire devient occupation policière des quartiers (polices « de proximité »), les commandos deviennent des unités d’intervention féroces (BAC…), l’action et la guerre psychologique sont prises en charge par les médias dominants, la propagande d’Etat récupère la figure de l’ennemi intérieur « fellaga manipulé par Moscou » sous la forme de « l’islamo-gauchiste » ; les camps, la torture et le système de disparition sont relayés par la prison et la garde-à-vue, les brutalités et les meurtres policiers… Je montre comment des armes, des techniques, des doctrines, des pratiques issues de la contre insurrection coloniale et militaire, passent dans le champ médiatique et policier, comment elles sont réappropriées, ré-agencées  redéployées pour maintenir l’ordre social, économique et politique à l’intérieur de la métropole.


Est-ce que vous pouvez nous définir la « tactique de la tension » dont vous parlez abondamment dans votre livre ?


C’est justement cette forme de domination, régulée techniquement et rationnellement, qui puise dans les répertoires contre insurrectionnels, coloniaux et militaires, pour écraser les damnés intérieurs. C’est une référence aux mécaniques politiques qui permettent de contrôler la population en instrumentalisant la peur ou en fabriquant des ennemis de convenance. On parle souvent de «  stratégie de la tension » pour désigner les « années de plomb » en Italie, dans les années 1970. L’Etat italien manipulait l’extrême droite, grâce aux services secrets, et lui faisait réaliser des attentats qu’il attribuait ensuite aux anarchistes, ce qui lui permettait de justifier la répression du mouvement ouvrier et l’écrasement des mouvements révolutionnaires. Les gestionnaires de cette stratégie étaient d’ailleurs fascinés par la méthode française de contre-insurrection. Par « tactique de la tension », j’explique que cette technique qui consiste à fabriquer des ennemis de convenance pour faciliter le renforcement sécuritaire, est passée dans le domaine policier. Techniquement, cette traduction s’opère depuis le prototype colonial et militaire de la bataille d’Alger, en 1957. La Casbah avait alors été enfermée et étranglée par des forces de quadrillage et d’occupation militaro-policières, puis pénétrée, harcelée et terrorisée par l’envoi d’unités spéciales à l’intérieur pour capturer, interroger et faire disparaître les « meneurs ». Harceler et agresser une population enfermée et étranglée, engendre forcément beaucoup de tension. J’explique que ce schéma a été redéployé sur les quartiers populaires, par l’alternance, aux manettes de l’Etat, des fractions de gauche et de droite de la classe dirigeante, qui ont multiplié les unités d’occupation et d’enfermement ainsi que les unités d’intervention et de harcèlement dans les quartiers populaires. Progressivement a ainsi été reformulée une technique d’enfermement et d’agression combinée, supportée par des ressorts idéologiques très proches de la contre-insurrection et qui tente de détruire la vie sociale et les formes d’autonomie et d’insoumissions des « populations » ciblées.


Limpérialisme cest un concept assez fort. Dans votre travail, ça semble une évidence car vous êtes dans cette rhétorique mais si on vous demandait de le définir, vous en parleriez comment ?


Ce n’est pas de la rhétorique, l’impérialisme est un stade de développement du capitalisme et de l’Etat, qui arrive à un moment déterminé dans l’histoire de la lutte des classes. Il s’agit d’un rapport de domination à différentes vitesses et qui s’inscrit dans l’espace : c’est le processus d’expansion d’un Etat-nation partant à la conquête de territoires, de ressources et de populations en dehors de ses frontières et mettant en place des formes de dominations et de ségrégations basées sur la classe, le sexe et la race. Les géographes radicaux anglo-saxons expliquent que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de développement de l’impérialisme qui ressemble très étrangement à la phase d’accumulation primitive qui avait donné naissance au capitalisme et qui fonctionne par la dépossession des ressources, des territoires, des cultures et des formes de vie autonomes. Je tente de montrer que les campagnes de conquête menées par les grands Etats impérialistes dans le « monde Arabe » (Irak, Afghanistan, Egypte, Syrie…) se combinent avec une dimension intérieure sur leurs propres territoires : l’expansion des mégalopoles urbaines (Grand Paris, Grand Toulouse, Nantes Métropole…). Cette expansion est supportée directement par la tension policière et vise la conquête puis la restructuration petite-bourgeoise des quartiers populaires, le renforcement du socio-apartheid, l’industrialisation de l’enfermement et la massification du néo-esclavage en prison. La police est le fer de lance de cette croisade intérieure.


Quest-ce que vous pensez des BAC que vous définissez comme un symbole de lordre sécuritaire ? Le sociologue Didier Fassin évoque la possibilité dune cohabitation tandis que Fabien Jobard se montre plus nuancé que vous également.


Ce n’est pas une question de nuances. La BAC est emblématique de l’oppression policière contemporaine, comme les CRS représentaient bien la répression en 1968. Mais je n’ai rien en particulier contre ces unités. Toute la police est chargée de maintenir l’ordre social, économique et politique. Et la police n’est pas la seule institution à assurer cette fonction. On peut soutenir les collectifs de victimes qui demandent la dissolution de la BAC comme à Millau, car c’est une manière offensive de se rassembler, mais la dissoudre sans attaquer le monde qui la produit ne changerait pas grand chose. Les agents seraient reclassés et de nouvelles unités créées ou recomposées pour assurer l’encadrement des misérables. Les BAC sont issues des polices coloniales en métropole et restructurées autour d’un modèle « néolibéral » d’abattage intensif. Elles traduisent bien les restructurations contemporaines.


Vous dénoncez la militarisation du métier de policier mais vous passez sous silence le fait quelle sest également accompagnée dune professionnalisation et dune meilleure formation des effectifs. Dans linvention de la violence, Laurent Mucchielli dit quil y a un recul des violences policières depuis 30 ans.


Je ne dénonce pas, j’essaie d’expliquer les transformations en cours. Et je ne me situe pas dans ce débat. La violence n’est pas une quantité, il n’y en a pas plus ou moins. Les formes de coercition évoluent en fonction des situations à gouverner. Si la police se perfectionne effectivement dans le nivellement de la coercition et qu’elle ne tire plus – pour l’instant, en France – à balles réelles sur les mouvements ouvriers, le nombre de personnes tuées dans les quartiers populaires ne cesse d’augmenter. Quand je finissais ce livre, en septembre 2012, 12 personnes avaient été tuées en six mois, un taux record en augmentation constante. Les armes « sub-létales » mutilent presque quotidiennement dans les cités. Dans certains quartiers, perdre un œil devient une menace quotidienne. Oui, les policiers sont mieux formés à contrôler les pauvres pour éviter de provoquer des révoltes ingérables. Mais dans les centres d’entraînement au maintien de l’ordre, c’est bien à la guerre urbaine qu’on les prépare. On ne peut pas le comprendre si l’on regarde du côté des policiers, qui essaient effectivement de tuer le moins possible, qui ont peur aussi et pour qui la coercition est minoritaire dans la journée ou dans une carrière. En regardant depuis la police, on ne perçoit pas les effets réels du renforcement sécuritaire. En l’occurrence, si l’on se place du côté de ceux qui le subissent, le constat est différent. Dans les quartiers populaires, les prisons, et les luttes sociales, la police gère un système de violence transversale qui broie la vie des gens, hier comme aujourd’hui, et qui, loin de rechercher à diminuer la violence, s’alimente et se ressource dans l’expérience coloniale et militaire.


Comment vous percevez Manuel Valls ?


Il incarne bien la gauche de gouvernement : quasiment les mêmes logiques et les mêmes pratiques que sous Sarkozy – car il s’agit toujours de soumettre et bannir les pauvres pour permettre au capitalisme de se restructurer – mais avec une propagande un peu plus subtile, un enrobage un peu plus soft et d’autant plus trompeur. Alors que sous Sarkozy, la figure de l’ennemi intérieur était récurrente, Valls se sent obligé de dire qu’il n’y a pas d’ennemi intérieur, tout en continuant à faire la même chose que ces prédécesseurs. Il ne fait aucun doute qu’il est conseillé par les mêmes personnes que Sarkozy ou Guéant, Alain Bauer parmi d’autres. Et la situation est toujours la même, les processus en cours continuent. Alors que la droite a tendance à réduire le nombre de policiers, à développer des unités féroces et à multiplier les technologies et les armements, la gauche conserve tout ça puis embauche et développe en particulier les unités d’occupation (« de proximité »). La succession de la gauche et de la droite aux manettes du gouvernement n’alterne pas les modèles mais les empile, elle assure la continuité de l’Etat et de son renforcement sécuritaire.


A la fin du livre, vous dites « organisons-nous », comment vous situez-vous politiquement ?


Du côté des opprimés, dans le camp qui veut en finir avec toutes les formes de domination. Je crois que seuls les premiers et premières concernés peuvent s’organiser pour abolir les systèmes d’oppression. Et qu’il faut tisser des alliances. J’essaye de mettre au centre de mon appareillage d’enquête les critiques et les constats des personnes qui subissent et qui luttent. Sous l’étiquette de « l’émeute », le pouvoir définit les révoltes populaires comme des sortes d’accès hystériques, des convulsions de violence sans raisons, mon travail consiste à les réinscrire dans la grande histoire des résistances à l’impérialisme. Je fais de l’enquête pour renforcer les luttes, pour décrire les mécaniques de l’oppression et cerner les rouages faibles.Ce système ne peut tenir sans la police et la prison. Je pense qu’il faut en changer, en finir avec une économie basée sur le pillage du monde au profit d’une minorité, et je crois qu’il faut pour cela rompre aussi avec les sociétés pyramidales, même celles où l’on choisit ses maîtres… Je crois que nous pouvons réussir à construire une société basée sur l’autogestion, l’entraide et le partage, sans chefs ni argent, où tout sera pour tous et où le peuple s’organisera par lui-même. La police passera alors pour une machine de domination archaïque.


Propos recueillis par David Doucet et Jean-Marie Durand

Mathieu Rigouste, La domination policière, une violence industrielle, La Fabrique, 258 pages, 15 euros.

(Relayé ici sur proposition de Eva Lock-Khwua)

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