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Articles RÉCents

7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 14:59

Nous venons de recevoir ce "communiqué" d'où l'on peut observer  que s'il s'en prend justement aux média qui mènent bien leur tache de désinformation, oublie cependant  de faire un écho ou de donner quelques explications  aux  critiques sur place comme sur le NET de la part des manifestatnEs eux-mêmes, pêle-mêle....dont nous sommes partiellement le relais ici. D'où notre circonspection comme toujours en pareils cas:

 

 

Tout ce ce qu'on ne dépasse pas pourrit

tout ce qui pourrit incite au dépassement.

 

(Nosotros.incontrolados)

____________


 

Lettre ouverte à propos de la semaine « No Border » et son relais dans les médias. 

 

Depuis le vendredi 1er octobre, et occasionnellement les jours précédents, des bruits incessants de sirènes et de vrombissement d'hélicoptères ont envahi toute la ville tandis que les défilés de camionnettes et autres véhicules de la police ont été omniprésents.  

C'est que le 26 septembre, une partie du site de Tour et Taxis a accueilli pour une semaine le rassemblement du No Border Camp, un rassemblement itinérant et annuel axé sur le thème de la lutte contre les frontières d'une manière générale et en soutien aux immigrés « illégaux ».

 

Dans cette partie du site, à laquelle on accède par la rue Picard, de nombreuses tentes se sont installées, un hangar a été aménagé pour accueillir des ateliers (sérigraphie, discussions, projections de films, réparation de vélo…), des points d'information etc. L'organisation était horizontale, autogérée et des assemblées générales étaient organisées tous les jours pour assurer le bon fonctionnement quotidien du camp ainsi que pour faire le point sur les actions passées et futures. En effet, le camp a accueilli des centaines d'activistes dans le but de réaliser différentes actions autour des sans-papiers, des frontières, des centres fermés etc. Ces activistes, qui, pour la plupart, ont l'habitude de la vie en collectif ou à la participation à ce type d'évènement, prenaient des décisions par consensus et par un système de démocratie directe. Concrètement, cela s'est principalement traduit par la participation à la manifestation syndicale européenne et l'organisation d'autres manifestations ou rassemblements plus clandestins – appelons un chat un chat - sur les mêmes thèmes.

 

Le « problème », puisque cela semble en être un pour les autorités belges, est que la grande majorité des activistes étaient là pour mener des actions directes de sensibilisation face au renforcement de systèmes sécuritaires contre les migrants et que cela leur fait peur car cela remet les politiques étatiques en cause. Une présence compréhensible si l'on ose admettre que, contrairement aux fondements de base de la démocratie occidentale, les « étrangers », les migrants sont de plus en plus stigmatisés, il est de plus en plus difficile pour des non-européens d'accéder à nos contrées et il devient de plus en plus difficile d'entamer un dialogue entre les différentes cultures.  

Ce qui est choquant, c'est que, au delà du débat interculturel, les revendications des participants au No Border Camp ont été complètement muselées. Il est rare de voir autant de forces de police visibles et civiles comme ce fut le cas la semaine passée à Bruxelles. La police a pris le parti de mettre la pression maximale sur toute personne tournant de près ou de loin autour du No Border Camp et de ses activistes. Des centaines d'arrestations ont été opérées, les contrôles d'identité ne se comptaient plus et la répression préventive est résolument devenue le mot d'ordre.

 

Les médias ont parlé des opérations policières mais n'ont pas voulu se demander la raison d'un tel déploiement logistique de la part des autorités. Ils ont évoqué des policiers attaqués, mais ont-ils parlé des manifestants hospitalisés suite aux charges de la police montée lors du rassemblement du début du camp devant le centre fermé 127bis, et de l'arbitraire des différents contrôles et arrestations ? Quid, également, de l'interdiction de fait pour certains manifestants de se rendre à la manifestation syndicale, puisqu'ils se sont fait arrêter dès leur sortie du camp, et du manque de soutien de la part desdits syndicats qui ont laissé les policiers isoler les manifestants liés au No Border Camp des autres manifestants? 

 

Les participants au No Border Camp sont ouverts à la discussion mais on les empêche purement et simplement de s'exprimer lorsqu'ils le souhaitent. Il y a clairement eu une intention de les stigmatiser, de les isoler et de les diviser. Cette (op)pression physique et morale n'a eu pour effet que d'enrager les activistes et toute autre personne qui en est l'objet, alors pourquoi s'étonner lorsque certains décident d'attaquer un commissariat ? C'est uniquement le signe que ces personnes sont poussées à bout et que, face aux violences policières, elles n'ont trouvé d'autre moyen que de répondre par la violence. Mais la police, en tant que bras armé de l'Etat, aura toujours le dernier mot et quiconque osera leur répliquer, verbalement ou physiquement, sera considéré comme hors-la-loi.  

Pourtant, au sein même du camp, les participants restèrent calmes, quoique parfois harassés ou démoralisés par la pression extérieure. Le No Border Camp est resté un lieu de débats, de création, d'expérimentation. Un point de ralliement optimiste – certain diront utopistes – où il y fait bon vivre. Sauf lorsqu'on reçoit les informations de celles et ceux qui viennent de la ville, et qui relatent les contrôles d'identités et autres arrestations des personnes participantes ou supposées participer au camp et aux différentes actions. Malgré la volonté de positiver et d'aller de l'avant, un vent d'inquiétude toujours plus prégnant a plané au dessus de Tour et Taxis.

  

Il ne semble pas que les médias soient interpellés par cet aspect des choses, ce déni de démocratie, et par le fait que l'Etat lui-même se complaise dans son souci de museler le message que souhaite délivrer le rassemblement No Border Camp. Et pourtant, c'est le message de près de 1000 personnes venues des quatre coins de la planète. Un tel investissement ne vaut-il pas la peine d'être entendu ? Il est clair que les activistes pourraient, si leurs idéaux fondamentaux étaient atteints, être la cause de la perte d'emploi des élus de nos différents niveaux de pouvoir, mais au delà de ce projet que d'aucuns qualifient d'utopique, pourquoi refusent-ils de voir leur message pour plus de solidarité, plus d'émancipation, plus d'écologie, moins de consommation superflue, et ce pour tout le monde, sans distinction de race, de sexe, de culture...

 

Les actions menées contre le No Border Camp ont eu au moins le mérite de démontrer que, si l'Etat souhaite empêcher certaines personnes de s'exprimer au nom de valeurs telles que la liberté, la lutte contre les injustices et en faveur des minorités par des actions moins agréées, elle a le pouvoir logistique de pression nécessaire.

  

En somme, le No Border Camp a mis le doigt là où ça fait mal quand on se réclame de la démocratie. Il a permis de rendre visibles, d'une certaine manière,  les dérives sécuritaires de l'Etat et de l'Europe, et des processus progressifs de diminution des libertés. 

 

(Anonymus)

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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 07:23

Manif No Border du 2 octobre 2010


(Sur le ton d'une promenade à la Marcel Marien)

__________________

______


Lorsque j'ai rejoint la grande manif de protestation contre la politique migratoire de l'Union européenne
du 2 octobre, il était trois heures.

 

Un anarchiste expliquait à radio campus que les choses se déroulaient
normalement, que pour une fois, tout allait bien, que les manifestants venaient de quitter les environs du
Petit château et qu'ils se dirigeaient pacifiquement vers la Bourse. C'étiat le lendemain de l'attaque du
commissariat qui avait entraîné plusieurs arrestations.


En arrivant à proximité de la Bourse, je croisai dans les rues des gens indifférents, des touristes qui
regardaient les monuments. Je fus frappé par leur nonchalance.

Tout était normal. Comme à l'habitude, pendant le week-end, l'affluence était grande. En débouchant sur le boulevard, j'aperçus la foule caractéristique d'une manifestation anarchiste et altermondialiste: jeunes habillés en noir, couverts de chapeaux, ou portant au contraire des sai, des vêtements multicolores aux teintures végétales, ou recyclés.
Mais ils n'étaient que quelques centaines.

 

J'eus de la peine à découvrir des slogans sur les calicots évoquant la question des sans-papiers. Par contre, il y avait des ballons de couleur.

 

Le contraste était saisissant entre les tenues légères, les tenues sport des badauds, et les pulls, les parkas des anarchistes.

Je jugeai étrangel'abondance de vêtements, en plein soleil.

 

Sur des tracts, je lus des informations stéréotypées. « Contre l'état, contre les prisons. » Formules consacrées de l'anarchisme. Fête, commémoration, me disais-je. Hélas, le langage particulièrement formel de certains tracts empêche de comprendre le point de vue des anarchistes, de s'y intéresser.

 

Aucun adulte responsable ne revendique de telles choses, assurément. Pour beaucoup, preuve irréfutable que certaines revendications ne sont que des enfantillages, que la démocratie existe!

 

Je discutai avec quelques manifestants souriants, heureux de manifester sans crainte. La manifestation
était arrêtée. Ses participants semblaient se concerter quand, un peu plus tard, elle s'ébranla à nouveau en
direction de la place De Brouckère.

Et, tout d'un coup, le cortège qui s'écoulait nonchalamment scanda:

 


AVEC: LES: SANS-PAPIERS! AVEC: LES: SANS-PAPIERS! AVEC: LES: SANS-PAPIERS!

 

Puis, de nouveau, plus rien.


Puis, un pétard relativement puissant éclata à quelques mètres de moi, le premier. Je rentrai
instinctivement la tête dans les épaules. Tout autour de moi: étonnement, et même, étonnement marqué! Qui
a fait ça? Têtes penaudes, regards perplexes.


Un peu plus loin, les clowns arrêtèrent à nouveau la manifestation et toute une rangée de manifestants se
mit à moitié à genoux sur la chaussée, se prosternant comme des musulmans qui font la prière, implorant je
ne sais quoi. En face, à l'autre bout de la place, une grande affiche Coca-cola peut-être! Peut-être aussi des
clowns qui, juste devant cette rangée de manifestants en prière, se faisaient passer pour des policiers, et qui
mimaient de violents coups de matraque, tout en faisant mine de faire circuler des gens autour d'eux. Allez,
circulez, il n'y a rien à voir. Exutoire: la semaine avait été rude!


Sur les entrefaites, un homme d'âge mûr, de taille moyenne, visage émacié, m'adressa la parole: tous
les événements de la vie sont des manifestations, réussit-il à me sortir, ironique et sentencieux à la fois. Une
tête déjà vue, mais où l'avais-je vu? Que dire? La réponse était oui ou non. Plutôt oui, car, comme je n'avais
pas les moyens d'argumenter, ayant le cerveau bloqué pour je ne sais quelle raison chaque fois que je suis
confronté à une dilemme d'ordre philosophique, je n'avais pas le choix. Je fis une grimace, arborant un air
pensif.


C'est alors que, tenant à bout de bras, avec une quinzaine de manifestants, un immense calicot qui faisait
face au trottoir sur lequel je me trouvais, un indécrottable militant, une vieille connaissance, soudain me fit
signe: eh, A.!

 

Mon précédant interlocuteur l'entendit et le vit également et ils se saluèrent. J'en fus quitte sans
avoir à entamer un débat philosophique.

 

Le thaumaturge se précipita vers le cortège. Je n'avais rien compris à ce qu'il m'avait dit.

Je retournai dix fois sa phrase dans ma tête.

Selon ce militant, chaque événement de la vie comporterait un message public, ostentatoire?

 

Quel rapport avec la petite manifestation à laquelle je prenais part?

 

D'un autre côté, qu'est-ce que le calicot qu'avec tant d'autres, T. présentait aux badauds du samedi après-
midi de la place de Brouckère, avait à voir avec cette manifestation? Les sans-papiers où étaient-ils? Qu'est-
ce que les clowns exubérants, les chapeaux, ou les tenues noires des jeunes black blok ou simili black bloc
qui marchaient placidement dans la manif avaient à voir avec un terne slogan gris, pratiquement invisible
sur un drap blanchâtre sur le bord de la manifestation?

 

Les manifestants dansaient et jouaient de la musique, mimaient, interprétaient des saynètes dans la rue qui n'avaient rien à voir avec les sans-papiers.

 

Qu'est-ce que la vie a à voir avec un message précis, ostentatoire, me disais-je, comme la protestation contre des
expulsions ou l'enfermement d'étrangers? J'occupe la rue, je fais ce que je veux, je m'habille comme je veux,
la loi, c'est moi, semblaient dire ces rescapés du vol 29.

 

Quel était le soi-disant message que communiquait la manif? À quoi rimait cette manière de faire, de dire? Je comprends à présent le message du brave homme.


Cette manif n'avait rien à voir avec une protestation contre les expulsions et les arrestations de sans-papiers.
La manifestation de ce samedi n'échappait pas à la règle qui veut que beaucoup de manifestations de nos
jours servent surtout à stopper momentanément le flot ininterrompu des voitures, à permettre à chacun de
respirer.

De fait, cette manif avait quelque chose à voir avec la vie! Tout y était preuve d'une différence,
donc signe de vie, représentation de la vie, image d'un bonheur surtout fantasmé, en partie inaccessible,
transformation donc de la ville en un lieu poétique, ouvert, festif, moins stressant que d'habitude, n'était-ce
la présence peu visible de la police.

 

Dans sa façon de s'habiller de gesticuler, chaque manifestant exprimait à sa manière, sa façon de voir la vie:

colorée, ou obscure, violente ou pacifique. « Beaucoup de jeunes utopiques, finalement! »: dit une femme à une autre en commentant à haute voix l'événement, peut-être intentionnellement à l'attention des flics en civil qui circulaient dans les parages, ou, à mon adresse, car elles me voyaient prendre des notes.

 

Les sans-papiers servaient de prétexte. Même si la revendication portant sur un monde plus ouvert, festif, déambulatoire, piéton, a quelque chose à voir avec eux qui ne peuvent se mouvoir librement sans se dissimuler, qu'on arrête parfois au beau milieu de la foule, et qui se sentent paf conséquent parfois même menacés par de simples individus habillés en civil?


Eut-il été plus indiqué d'exhiber en silence, pendant tout le trajet de la manifestation, une sorte de copie
conforme d'un document de régularisation, et une demande de permis de séjour géante, barrée en diagonale
avec le mot refusé dessus, à la suite des photographies de disparus, de victimes de multiples origines de la
politique migratoire de l'Union européenne, avec leur nombre jusqu'à ce jour, environ 7500?

 

Qui d'autres que leurs proches sont en droit de les porter comme des objets sacrés, comme le font les mères de mai en Argentine avec les photos de leurs enfants?


On aurait également pu faire circuler des tracts évoquant des permis d'exploiter une forêt, ou d'autres
ressources naturelles, en Afrique ou en Amérique, sur un territoire immense, avec le nombre précis
de kilomètres carrés, de morts, de déplacés, les noms bien de chez nous, nonobstant le suffixe ING,
des multinationales impliquées.

 

On aurait pu évoquer la pollution, les déplacements de population en Amérique latine, en Afrique, le réchauffement climatique qui fait bien sûr beaucoup plus de victimes dans des pays pauvres, sous-développés. On aurait pu ensuite exhiber des slogans comme: Respectez la vie!

 

À cela, le metteur en scène a paru préférer des ballons, des hippies, des jeunes gens qui semblent
aller à un festival, des punks, des anarchistes!

 

C'est qu'une concession minière ou forestière en Afrique ou en Amérique, avec des déplacements de population, des crimes en cascade, dans certains cas, des bombardements, cause bien moins de dérangement! Du moins sous nos latitudes pétries de bonnes intentions.

 

Tout le monde en tremble encore. En effet, l'actualité transforme les No Border en menace pour
le passant, pour le badaud, qui comme à Londres, l'année passée, est mort en partie de saisissement sur la
voie publique après s'être fait interpeller par la police. S'il ne s'agit pas d'un vrai metteur en scène, dans ce
cas, où est passé le metteur en scène?

 

Ne serait-ce pas quelque part dans les placards invisibles des agences publiques qui orchestrent la propagande de masse?


Permis de séjour refusé géant à la multinationale qui finance une guerre pour renverser un régime et
jette des centaines de milliers de réfugiés sur les routes de l'exil, au gouvernement qui envoie des soldats en
Afrique pour sécuriser soi-disant la situation, en fait pour empêcher les autochtones de réagir?

 

À un moment, les manifestants ont scandé "Sarko au cachot"...

Sûr qu'ils pensaient tous aux réfugiés que, par un tour de passe-passe,

on fait simplement passer pour des sans-papiers.

Ils ont également scandé: contre les prisons.

 

Bref, ils n'avaient pas peur de se contredire.


Lors du stop prolongé place de Brouckère, une autre vieille connaissance est montée sur un bac à plantes
situé le long du trottoir et s'est mis à contempler amoureusement la manif. À deux ou trois devant la foule
comme paralysée, les clowns continuaient à imiter des policiers. Ils se faisaient des signes les uns aux
autres et faisaient des moulinets avec une sorte de matraque en plastic blanc.

 

Une jeune activiste habillée comme une népalaise était en train d'escalader un lampadaire pour tenter d'accrocher une grande banderole à cinq, six mètres de haut. De l'autre côté de la place, l'autre bout de la banderole flottait déjà au vent.

Des applaudissements crépitèrent quand elle redescendit. La banderole traversait désormais la large chaussée
d'un côté à l'autre, à 5 mètres de haut environ. NO BORDER y était inscrit en noir sur fond clair.

 

Pour MSN, le site internet très branché de Microsoft, « la manifestation avait été organisée à l'initiative du Camp No
Border pour protester contre la politique européenne d'asile et d'immigration. » Comprenne qui pourra!


Les percussionnistes se remirent à battre le tambour sur le rythme de la samba. Une chef d'orchestre
dirigeait la troupe. Elle se servait, paraît-il, d'un code. Plus tard, des sons plus cristallins prirent le relais.
Comme s'il s'agissait de fifres!


Un jeune trots me dit qu'il avait été arrêté mercredi, en plein centre de la manif syndicale, qu'il était resté
9 heures en détention. Il me montra les traces des colson sur ses bras. Il avait également des marques de
souliers sur le genou.
Il n'y a pas que les jeunes d'origine immigrée qui en ont plein le dos, qui ont le droit de briser des
vitrines, me dira plus tard dans la journée un jeune français.


La manif repartit enfin vers le boulevard Émile Jacqmain. Attroupement pendant un instant à cause d'une
dizaine de policiers en civil qui étaient rassemblés au même endroit à la sortie du métro. Quelques petits
calicots indiquaient par une flèche la direction dans laquelle ils se trouvaient.


Ensuite la manif continua. Plus loin, des manifestants, peut-être l'un d'eux était-il vêtu d'un pantalon
bouffant jaune et vert, montèrent sur une statue qui en devint équestre. Toujours au son du tambour.


Un peu plus loin, la manif traversa le boulevard Simon Bolivar et fit halte dans le parc situé en face d'un
bâtiment occupé par l'Office des étrangers, chaussée d'Anvers. Un podium libre y fut organisé. Pendant une
heure, activistes, artistes se succédèrent sur les planches d'un kiosque pour divertir ou pour haranguer la
foule.

 

Un sans papiers remercia No Border. Il évoqua leur solidarité qui donnait chaud au coeur aux sans-
papiers. Une responsable parisienne d'un mouvement français de régularisation de sans-papiers expliqua
qu'elle avait été mandatée pour représenter son mouvement au No Border camp. Un clown fit mine de
vouloir descendre du podium et en fut empêché par d'autres clowns.

 

Il interpréta un superbe petit morceau de rap et raconta quelques histoires.

 

La pluie recommença à tomber. Cela n'empêchait pas les manifestants de l'écouter avec attention.


Silencieux, accroupi au centre du podium, revêtu d'une sorte de grande cape grise, comme le général
Koutousov, un des responsable belges du camp No Border, suivait toute la scène. Il aurait pu prévoir un petit
discours, mais il préféra s'abstenir. Il faut dire que les discours ne sont pas à la mode.

En général, ils ennuient les gens. Ils sont forcément pompeux.

 

Qu'aurait-il pu dire à part des banalités? J'en ai concocté un pour la forme.

S'il avait pu le prononcer,

je suis certain que cela aurait fait l'effet d'une douche froide,

bref un sacré tabac.

 

Le voici.

(PASTICHE)

« Bravo! Nous avons fait ce qu'on a pu dans de conditions difficiles, avec peu de moyens.

Merci à tous.
Merci à vous.

 

Ce camp n'était pas parfait.

L'organisation No Border est née il y a quelques années seulement.


Quel impact ce camp aura eu sur la politique européenne en matière d'accueil des étrangers? Pas énorme.
Beaucoup moins encore sans doute que le camp No Border de Calais. Du reste, ses revendications étaient
en partie différentes de celles du camp No Border de Calais.

Il était nécessaire de changer en partie de registre, de faire valoir d'autres revendications, pour préciser notre objectif, pour le détacher en quelque sorte de l'actualité, pour le transformer en objectif politique. Nous nous sommes exprimés comme il nous était possible de le faire, en célébrant la vie le plus possible, la liberté de circulation à notre manière, en allant notamment n'importe où dans cette belle ville, à n'importe quelle heure!

 

C'est peu dire que cela n'a pas été bien perçu, sinon par quelques-uns. Paradoxalement, notre objectif s'est néanmoins précisé: critiquer des états de plus en plus policiers, qui l'ont toujours été, des lois liberticides, dont certaines ont toujours existé.
 

 

Tout cela ne revient-il pas du pareil au même: l'enfermement, les politiques migratoires actuelles. En aucun
cas, les choses n'ont manqué de sens. Il a fallu provoquer les réactions épidermiques de la police, il a fallu être courageux.

C'est un signal également. Nous n'avons pas cherché à atteindre un but inaccessible.

 

Ce camp a surtout été l'occasion d'une confrontation morale avec nous-mêmes, et symbolique avec des principes répressifs aveugles.

Si un commissariat a été vandalisé, c'est à cette fin, pas pour nuire à la société. C'est pour montrer que les forces dites de maintien de l'ordre ne servent pas qu'à garantir la justice, la paix, pour montrer quel est leur rôle dans la répression injuste et dans la ségrégation qui s'organise de plus en plus autour de nous.

En arrêtant des étrangers, les forces de maintien de l'ordre font savoir aux autres qu'ils doivent se tenir tranquilles, qu'ils doivent fonctionner servilement en elle et pour faire vivre cette économie de profit, travailler, participerà son développement, ne pas la critiquer, être contre le tiers-monde, contre les peuples sous-développés,et prétendre le contraire, pour continuer à profiter, à se sentir bien, à être heureux, à se taire.

 

Près de 8000 réfugiés ont trouvé la mort dans des circonstances diverses en tentant de franchir les frontières de l'Europe.
 

Je ne parle pas des dizaines de milliers de victimes du capitalisme des sociétés du Nord.

 

Il n'est pas question non plus de permettre à toutes sortes de victimes de ce système

de fous de s'en sortir, ce pourquoi il est tantquestion d'activation.
 

 

Nous vivons dans une société où seuls des jeunes en haillons, habillés en clowns ou déguisés, masqués,
ont le courage de moufeter, de risquer la confrontation, parce qu'ils sont jeunes, qu'ils ont plus de chance de
se faire pardonner.

Telle est notre démocratie.


S'il y a un prochain mai 68, il faut qu'il y en ait un, il faut qu'il ait lieu au finish. Soyons fiers du
prodigieux héritage de lutte et de contestation de l'ordre établi qui nous a été légué. Soyons fiers d'être
anarchistes, communistes. Merci de m'avoir écouté. »

 

-"Comme en 68, peut-être est-ce surtout entre les jeunes activistes et les représentants des forces de
maintien de l'ordre qu'un dialogue, prudent, sans concession, mais ouvert, devrait avoir cours",

 

comme me l'expliquait B., qui s'est beaucoup impliqué dans l'organisation du camp....


Paul Willems.

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 18:05

MALGRÉ TOUT
Aux rebelles d'ici et d'ailleurs

Les mots peuvent difficilement saisir une réalité, les sentiments et
les désirs dépassent toujours ce qu'un vocabulaire nous offre.
Cependant, il est d'un intérêt vital de parler, de tenter d'exprimer
ce que nous pensons et ce que nous ressentons. Certainement dans les
moments où la terreur de l'Etat et de ses forces de l'ordre cherche à
rendre tout le monde muet.

Depuis des années, nous disons que pour penser et parler librement, il
faut de l'espace et du temps. Et cet espace et ce temps ne nous sont
jamais donnés, on ne peut que les conquérir nous-mêmes, l'arracher
avec toute la violence à la réalité de tu ne feras et tu dois. Voilà
pourquoi nous avons parlé et nous parlons de révolte, d'actes par
lesquels nous nous créons l'espace pour vivre, pour donner une
expression à nos désirs de liberté qui ne tolèrent point la misère
nauséabonde et la laideur de ce monde.

La semaine dernière, l'Etat a choisi de remplir tout espace possible
avec des uniformes, des fourgons, des policiers en civil, des cellules
et des mauvais traitements. Déjà, l'Etat supporte à peine que les
anarchistes incitent en mots et en actes à la révolte, mais cette
semaine, tout a été déployé pour empêcher toute rencontre entre les
différentes rébellions qui fermentent la conflictualité sociale à
Bruxelles. Et l'autorité a parlé le langage le plus simple à sa
disposition : la terreur, c'est-à-dire une violence systématique et
indiscriminée.

La manifestation annoncée du 1er octobre contre les centres fermés,
contre toutes les prisons et les frontières, contre l'Etat ne devait
pas avoir lieu, à aucun prix. Une interdiction d'attroupement a été
décrétée dans quatre communes bruxelloises et pendant qu'une force
policière imposante arrêtait toute personne tournant autour de
l'endroit du rendez-vous, d'autres escadrons gardaient les quartiers
et les stations de métros d'une poigne de fer. Les alentours des
prisons de Forest et de Saint-Gilles ont été hermétiquement fermés
tandis qu'au cœur d'Anderlecht, des policiers cagoulés patrouillaient,
les mitraillettes à la main. Des centaines de personnes ont été
arrêtées préventivement, des dizaines ont été humiliées, maltraitées
et frappées dans les commissariats.

Disons-le clairement : l'Etat n'a pas peur d'une poignée
d'anarchistes, mais craint une possible contagion sociale à laquelle
les révolutionnaires œuvrent de jour en jour. Depuis longtemps,
Bruxelles semble être une poudrière sociale où on cherche à mater les
tensions sociales à coups de plus de police et plus de blessés ou de
morts du côté de ceux qui, d'une manière ou d'une autre, engagent la
confrontation. Néanmoins, les tensions sociales continuent à
s'exprimer de manière radicale : des émeutes récurrentes dans les
quartiers aux mutineries dans les centres fermés et les prisons, des
attaques ciblées contre les structures de l'Etat et du Capital jusqu'à
une hostilité qui continue à se répandre contre tout ce qui porte
l'uniforme de la répression. Probablement, la manifestation annoncée
du 1er octobre était une des possibilités de rencontre entre les
différentes rébellions et les idées anti-autoritaires - et cette
rencontre a été écrasée.

Malgré la pacification militarisée des derniers jours, nous continuons
à diriger notre attention ardente vers cette poudrière sociale, en
sachant que chaque occasion peut être la bonne pour mettre le feu à la
mèche. Et là où la proposition d'une manifestation s'était heurtée à
des obstacles presque infranchissables, d'autres pratiques et
activités sauront se frayer un chemin.

Malgré les murs policiers qui cherchent à nous tenir séparés, nous
continuons à penser que la rencontre entre les différentes rébellions
reste possible, souhaitable et nécessaire. Aucun racket répressif de
la part de l'Etat ne nous fera renier cet enthousiasme.

Malgré le fait que l'initiative nous ait été arrachée ces derniers
jours, nous sommes déterminés, avec le cœur et la tête, à reprendre
l'initiative dans nos propres mains. Malgré tout, nous continuons.
Rien n'est fini... les possibilités sont toujours là, prêtes à être
saisies.

A l'heure actuelle, quatre compagnons résident derrière les barreaux
de la prison de Forest, accusés de complicité pour une attaque d'un
commissariat bruxellois la nuit du 1er octobre. Faisons en sorte
qu'ils sentent notre affection et notre solidarité.



Des anarchistes qui ne lachent pas l'affaire ...
Bruxelles, 5 octobre 2010

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5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 10:06

05 octobre 2010

no_border_no_nation

[ SOURCE ]

Récit "d'arrestation administrative" massive et indistincte

pour "trouble à la tranquilité" et retour critique.

~


Bruxelles, Le 2 octobre 2010, dans la nuit.


1.


Tout d'abord, aucun détail ne sera donné sur ces événements, de nature à compromettre la sécurité de camarades ou compagnons sur le récit des faits (de par leur nature, et leur caractère fantasmé ou réel), et dont la présentation reste dans ce texte purement pratique dans le but de mener un retour critique sur ce qui s'est passé ce soir.

 

Aucune manifestation n'a réellement eu lieu. Il n'y a donc pas matière à débat sur ce sujet, mais sur ce qui s'est finalement passé, et ce qui aurait pu se passer.


2

 

Tout d'abord, ici comme ailleurs, les arrestations préventives, comme à Copenhague, comme ailleurs, redeviennent, partout en Europe, la norme.

 

Le délit d'intention, et les arrestations "en amont de toute violation de la loi" ne sont plus du ressort de la science-fiction mais du présent. Notre présent.


Et si les condamnations juridiques tarderont peut-être à se généraliser, les détentions interminables existent déjà, et annoncent ce qui peut être à venir.


Avant la manifestation, plusieurs discussions ont eu lieu, de différentes façons, en se questionnant de savoir si la manifestation serait déclarée, si nous irions, pourquoi-comment ?

Pointant d'un moment à l'autre, d'une discussion à une autre, la dangerosité d'une telle manifestation, et le risque de finir toutes et tous arrêtés, car non déclarée et non autorisée dans Bruxelles (certains ignorant même jusqu'au fait qu'elle ait été interdite) dans les circonstances particulières qui sont celles de cette semaine et dans un contexte particulier.


Plusieurs d'entre nous, loin de dénier l'évidente nécesité que représente le besoin essentiel et même vital de nous affirmer politiquement sans aucune espèce d'autorisation, ont rappelé que tout n'est pas question que de "bonne volonté", mais aussi de circonstances.

 

La situation belge n'est pas la situation grecque, qui n'est pas la situation italienne, qui n'est pas la situation française ou espagnole. Et décembre 2008 ici n'est pas le printemps 2006 là-bas, etc.


Nous devons, tout en préservant intacts notre éthique et nos désirs, savoir faire germer l'anarchie dans des contextes et des configurations différentes. En clair : nous préoccuper au moins autant de nous-mêmes que le bassin dans lequel nous sommes plongés à tel ou tel moment, en tel ou tel lieu.


Dépasser la simple révolte existentielle.


3.


En définitive, s'il ne peut y avoir une mesure, et une prise en compte des paramètres environnementaux, sociaux, physiques, matériels, culturels, ponctuels ou permanents, numériques, idéologiques, stratégiques, politiques et policiers qui définissent notre situation, à tel endroit, à tel instant : nous devons accepter l'idée que nous allons droit dans le mur.


Si rien ne permet de faire en sorte qu'il doive pouvoir exister, dans les limites du bon sens, une position souhaitable entre opportunisme et rigidité abstraite, entre bonne volonté et rationalisme plat.


En bref, si nous devons bannir tout pragmatisme en le sacrifiant sur l'autel de l'attachement entêté : alors nous devons nous résigner à penser que nous nous battons contre des moulins, que nous restons sagement là où on nous attend, que nous demeurons en fin de compte sinistrement prévisibles, et que tôt ou tard, nous le payerons cher.

 

Avec une "monnaie" qui est la seule qui représente réellement quelque chose pour nous : notre liberté, celle de tous les autres, et notre capacité à l'étendre à l'infini.

 

4.


Pour nombre de camarades et compagnons, il était évident qu'organiser une manifestation en plein Bruxelles, dans un tel contexte, avec un tel dispositif policier était voué à connaître la fin malheureuse qui a été celle d'aujourd'hui.

 

Et nous osons affirmer que celà aurait pu être bien pire, et que nous avons de la chance, si le mot n'est pas ridicule. Mais que celà aurait pu être bien mieux.

 

Ce pourquoi nous nous y sommes malgré tout rendus. Parce que nous étions déterminés, avec des intentions et des motivations variées, mais aussi et d'abord parce que les mots d'ordre de cette manifestation étaient aussi pour partie les nôtres.


Malgré tout. Mais nous avions imaginé aussi que d'autres pourraient êtres capables de ne pas rester accrochés à une idée de départ avec trop d'aveuglement : comme à qui on dit "Il y a de l'orage dehors, la sortie est compromise" qui réponde "non, nous allons sortir".

 

Malheureusement, ici ou ailleurs, aujourd'hui ou demain : les taules, les commissariats, les hôpitaux psychiatriques, les centres fermés pour mineurs, les centres de rétention et tout le reste seront toujours là demain, et peut-être même après-demain.

 

Et peut-être qu'il sera toujours temps de faire quelque chose sans aller là où il y a le plus "d'orage" : "au mauvais endroit, au mauvais moment".


5.


Certes, à plusieurs instants, dans plusieurs initiatives différentes, qu'elles proviennent de gens du No Border ou d'ailleurs, ont su répondre et se montrer courageux et déterminés devant la police.


Ne jamais plier. Mais celle-ci s'est montrée, pour sa part, comme le précisait l'affichette dans nos cellules, comme un personnel "spécialisé dans la gestion des personnes privées de liberté". Impassible, imperturbable, sadique, et froidement violente.


Entre autres spectacles navrants d'autorité de pacotille, les prisonniers d'une cellule ont pu par exemple assister à la pitoyable et pathétique démonstration de virilisme en uniforme du gradé Monsieur Van Der Smissen, qui, suivi de ses sous-flics, s'est alors pris au jeu de provoquer chaque prisonnier avec sa matraque sous l'épaule pour voir qui aurait l'audace de lui tenir tête. Le spectacle aurait pu être risible si l'individu n'était pas connu de plusieurs d'entre nous, notamment des manifestations contre les centres de rétention et pour la liberté de circulation totale en faveur des migrants, comme un harangueur de troupes, galvanisant la haine de sa meute, et notoirement connu pour ses petites phrases racistes et autres crachats de misérable chien de garde.


Entre autre situations insupportables : plusieurs individus, et en particulier des femmes qui ont résisté à la manière dont on les traitait (si l'on considère que des insultes sexistes et un traitement "de faveur", humiliant et même aggressif constituent - sans tomber dans le paternalisme observé chez quelques uns des hommes - des violences supplémentaires à celle que constitue, de par le fait même qu'elles existent, une arrestation et une garde à vue) ont reçu des coups, ont été plaquées au sol, baffées avec gants plombés lorsqu'elles l'ouvraient trop, devant les regards médusés et enragés, et sous les huées et les cris de plusieurs d'entre nous, alors en cellules.

S'ajoutent également les camarades et compagnons éclatés à coups de genoux, de poings, de clés-de-bras et de gel (sorte de pâte urticante et brûlante) dans le visage, et dans les bus nous menant à nos geôles, dans lesquels nous avons été sommairement jetés.

 

Bien sûr, mélangés entre passants arrêtés, camarades criant quand d'autres choisissaient de garder un silence de défiance devant toute cette mascarade.


6.


Nous vient alors une question : Tout ça pour quoi ?


L'ultime majorité des arrestations n'a pas été si rondement menée pour seulement nous effrayer ou nous décourager de toute espèce d'action (Monsieur le bourgmestre et toute sa flicaille ne sont pas bêtes au point de croire que celà suffira - sans non plus nier le fait que certaines personnes ont nécessairement vécu, à travers ces violences, une expérience traumatisante. Les sensibilités et ressentis variant d'un individu à l'autre. Si ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts, ce qui nous tue à petit feu ne nous rend pas plus forts) mais dans un but, lui, tout pragmatique justement; celui de nous photographier et de nous ficher, suivi d'un hypocrite et "courtois" au revoir pour l'essentiel d'entre nous qui ont ensuite été relâchés (même si nous craignons toujours que certaines personnes - en plus d'autres "suspectés" - n'aient toujours pas été relâchés).


Nous ne portons strictement aucun jugement de valeur, ni moral, ni même éthique sur le fait d'avoir voulu tenir cette manifestation.

 

Nous disons seulement : camarades, amis, compagnons, n'oublions pas qu'outre la solidarité et l'attaque, il y a aussi la préservation (comme on dit "prévenir plutôt que guérir"), et le sens, si recherché pour nous de la ruse et de la finesse dans un monde aussi brutal et violent, et qui tend à se perfectionner dans son administration de la misère.

N'oublions pas que nos énergies ne sont pas infinies. Que nous ne sommes et ne serons jamais un Etat (et celà, d'abord parce que nous ne le voulons pas). Que nos ressources, comme nos forces et nos vies sont toujours limitées. Nos relations et notre capacité à construire une propagande efficace aussi. Mais brisons le mythe selon lequel toute stratégie d'adaptation est mauvaise, et reconnaissons que le rejet inamovible de réactivité et de souplesse dans nos initiatives (multiples, variées, créatives) est une stratégie qui, en plus de ne porter aucune puissance, nous conduira encore dans le mur, et peut-être plus rudement encore.


N'oublions pas que, comme pour la religion, il ne suffit pas de détruire le clocher, parce que les murs sont surtout faits par des gens et pas seulement avec des briques.


Apprenons de nos erreurs, aguerrissons nous des mauvaises expériences,

Et par-dessus tout, en préambule de toute lutte, et en particulier de celles contre tout les enfermements :


Elargissons-nous, multiplions-nous, ne nous laissons pas isoler, surtout ne nous laissons pas enfermer !


Les actions et manifestations contre la machine à expulser continueront !

DETRUISONS TOUS LES ENFERMEMENTS !

ABOLISSONS LES FRONTIERES !

LIBERTE DE CIRCULATION TOTALE !

ABANDON DE TOUTES LES POURSUITES !

Des Anarchistes d'ici et là.

[ SOURCE ]

Posté par charles tatum à 08:05 - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]
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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 22:24

No  border:

Si la contestation peut ne pas exister réellement elle doit néanmoins perdurer comme spectacle.

Il y a deux jours les NBC nous adressaient un "communiqué de presse" (par ailleurs relayé ici même comme les précédents et les suivants) faisant état de plusieurs centaines d'arrestations, de rafles, de matraquages, et d'arbitraire policier....en marges du camp....Bien.

Le lendemain, le même "service de presse" des NBC nous annonce sans autre formule "une manif extrêmement joyeuse et festive dans les rues de Bruxelles"....

Il est vrai que très spontanément quand des potes se sont fait charcler la tronche, se sont retrouvés menottés et en "GAV", inculpés, susceptibles de passer au tribunal et de subir les lois vengeresses de l'ennemi, tu défiles le lendemain  coolos tranquillos et festoies joyeusement  dans les rues de Bruxelles....(protégés par des "clowns"!)...Très bien aussi.

Nous qui avons été très "bien élevés" par les rues où nous avons grandi apprécions toujours beaucoup l'humour saignant!

D'ailleurs, ce sera tellement joyeusement qu'il en sera oublié, dans le troisième "communiqué de crasse", de faire connaitre le nombre d'interpellés, de blessés, de cités à comparaitre...

Ça c'est de la solidarité en barre!!!

Nous savons maintenant combien nous pouvons compter sur les NBC...

 

Notre pote Paul W. avait déjà levé un coin du rideau de ce pauvre théâtre-là, nous avons  alors hésité , hélas, à en relayer le  courrier....Sauf son avis contraire, ce sera prochainement réparé!

Ce spectacle-ci  vient de sonner les trois derniers coups de ses malheureuses représentations au rabais!!!

S.

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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 09:18
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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 14:20

Une importante délégation d'infirmiers et d'anesthésistes -en tenues opérationnelles- commissionnée par le peuple dans sa quasi totalité  converge vers l'Elysée en vue de s'assurer des personnes représentant le gouvernement de ce pays.

Des camisoles renforcées au nombre de sept sont réservées d'emblée au Président en exercice, à J-F Clopé, Frédéric Lefevre, à CH. Lagarde  et Mimi la lolotte....(seconde merde de Dieu),Brice Porteflingue et Eric Besson.


De puissants sédatifs sont prévus  pour  les autres faquins de service.

Compte tenu de la difficulté de la tache, ils sont venus nombreux, les "farces de l'ordre" sont désemparées et n'osent pour le moment intervenir.

Il était bien plus que temps!



--
http://nosotros.incontrolados.over-blog.com/"les amis du négatif à l'oeuvre".
http://les-batisseurs-d-abimes.over-blog.com
http://descendre-de-l-arbre.over-blog.com/
http://nosotrosincontrolaos.wordpress.com

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 11:27

 

Profitant d’une grève des Keufs qui entendaient protester contre quelques mesurettes touchant à leur revenus, les habitants de Quito sont descendus dans la rue, et ont pillé quelques supermarchés, attaqué quelques commissariats qu’ils auront au passage copieusement incendiés.


Au passage ils s’en seront également pris à quelques commerces de luxe, à quelques banques et réjouis de la frousse étranglant  leur Président  Corréa qui ne dut son salut qu’à quelques militaires et flics  loyalistes.


Certains dans la population se prenaient même à rêver de pouvoir révolutionner quelque chose dans ce pays-là….


Des Militaires, quant à eux, assez mollement toutefois,  songeaient bêtement et par atavisme naturel à un « putsh »…


Si certains d’entre eux investirent l’Assemblée Nationale, c’était uniquement afin de « se la réserver » - le cas échéant- contre quelque émeutiers déterminés.


Comme d’hab’ en de telles circonstances « la transparence est totale. » Il est question de « seulement » deux morts et d’une trentaine de blessés sans qu’il soit précisé si ces morts sont ou non des « civils », des keufs ou des militaires….


Ce qui est assez significatif . Et de fait nous gageons fort que ce sera la population qui en paiera le plus lourd tribut réel, bien au delà des chiffres officiels.


Les prisons se seraient subitement remplies …Sans doute par des civils qui « spontanément » y auront trouvé « un refuge salutaire » après s’être fait copieusement briser les cranes et les os?

Mouai-Mouai….

(A suivre!)

S.

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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 10:05

Par deufr - Publié dans : ..descendre de l'arbre (link)!..

..brochure chopée sur le site indiqué en fin de page, histoire de vous laisser le temps du défilement attentif à sa lecture...

 

http://www.infokiosques.net/IMG/arton667.jpg

 

Il y a de plus en plus d’indésirables dans le monde. Il y a trop d’hommes et de femmes pour qui cette société n’a prévu qu’un rôle : celui de crever. Morts pour le monde ou pour eux-mêmes, la société ne les désire qu’ainsi.


Sans travail, ils servent à pousser ceux qui en ont un à accepter n’importe quelle humiliation afin de le préserver.


Isolés, ils servent à faire croire aux citoyens se prétendant tels qu’ils ont une réelle vie commune (entre les paperasseries de l’autorité et les rayons des marchandises). Immigrés, ils servent à alimenter l’illusion d’avoir des racines chez des prolétaires seuls avec leur néant au bureau, dans le métro ou devant la télévision.

 

Clandestins, ils servent à rappeler que la soumission salariale, n’est pas le pire - il existe aussi le travail forcé et la peur qui serre le ventre à chaque contrôle de routine.

 

Expulsés, ils servent à renforcer, sur tous les réfugiés économiques de l’hécatombe capitaliste, le chantage du bannissement vers une misère sans retour.

 

Prisonniers, ils servent à menacer avec le spectre de la punition ceux qui ne veulent plus de cette misérable existence.

 

Extradés en tant qu’ennemis de l’Etat, ils servent à faire comprendre que dans l’Internationale de la domination et de l’exploitation il n’y a aucun espace pour le mauvais exemple de la révolte.


Pauvres, isolés, étrangers partout, incarcérés, hors-la-loi, bannis : les conditions de ces indésirables sont de plus en plus communes.

 

Commune peut alors devenir la lutte, sur la base du refus d’une vie chaque jour plus précarisée et artificielle.

 

Citoyens ou étrangers, innocents ou coupables, clandestins ou réguliers : ces distinctions des codes étatiques ne nous appartiennent en rien et nus ne voulons nous référer à aucun d'eux.

 

Pourquoi la solidarité devrait-elle respecter ces frontières sociales, alors que les pauvres sont continuellement trimbalés de l’une à l’autre ?

 

Nous ne sommes pas solidaires de la misère, mais de la vigueur avec laquelle les hommes et les femmes ne la supportent pas.

 

Le rêve d’un parchemin

Dans les profondeurs du fleuve où l’histoire s’écoule, un rêve semble avoir résisté à l’usure du temps et à la chaîne implacable des générations.

 

Regardez le parchemin jauni de ce code de la Renaissance, regardez sur la page ces xylographies qui nous ramènent à la jeunesse d’un millénaire tout juste expiré.

 

Vous verrez les ânes chevaucher des cardinaux et les affamés de toujours se noyer joyeux dans la nourriture, vous verrez les couronnes piétinées, vous verrez la fin du monde ou — mieux encore — le monde à l’envers.


Le voici donc ce rêve, le voici nu qui se raconte dans une gravure vieille de cinq cent ans : tuer le monde pour pouvoir le saisir, le voler à Dieu pour se l’approprier et le façonner enfin de propres mains.

Les époques lui ont ensuite prêté des vêtements aux coupes toujours différentes. Il s’est habillé en paysan pendant les insurrections du Moyen Âge et en blouson noir en Mai 68, en ouvrier italien lors des occupations d’usines et en tisseur anglais aux temps où les premiers métiers industriels étaient furieusement détruits à coups de masse.

 

Le désir de renverser le monde est réapparu chaque fois que les exploités ont su saisir les fils qui les relient entre eux, les fils qui sont noués et brisés par les différentes formes de l’exploitation.

 

Ce sont ces formes, en effet, qui en quelque sorte " organisent " les pauvres : elles les concentrent dans les usines ou dans les quartiers, dans les ghettos métropolitains ou devant le même bureau de chômage, en leur imposant des conditions de vie similaires et des problèmes similaires à résoudre tous les jours.

 

Arrêtons-nous un instant, creusons le fond de nos mémoire et faisons appel aux contes de nos pères. L’usine dans le brouillard ou la sueur des champs brûlés par le soleil, le tourment d’une occupation coloniale qui t’arrache les fruits de la terre ou le rythme chaque jour plus infernal d’une presse qui, dans n’importe quel Etat " communiste ", te promet — pour un lendemain qui n’arrive jamais — de te délivrer de l’exploitation.

Nous pouvons associer à chacune de ces images de notre passé les différentes unions des exploités et, donc, les bases concrètes des luttes avec lesquelles ceux-ci ont essayé de renverser le monde et de supprimer l’exploitation.

 

Maintenant que nous, fils des mémoires et des révoltes si différentes, nous nous retrouvons côte à côte, quel est-il le fil qui nous unit ? Qu’est-ce que nous a amenés ici du Maghreb ou de l’Est, d’Asie ou du cœur de l’Afrique ?

Pourquoi même celui qui a toujours habité ici ne reconnaît plus cette terre, pourquoi la trouve-t-il si différente de celle de sa mémoire ?

 

Une planète défigurée

 

Si nous lisons avec attention l’histoire de ces trente dernières années, nous pouvons entrevoir une ligne de développement, une série de modifications qui ont bouleversé la planète.

 

Cette situation nouvelle est définie communément par le terme de " mondialisation ". Il ne s’agit pas de données définitivement acquises, mais de changements qui sont toujours en cours — avec des rythmes et des particularités propres à chaque pays — et qui nous permettent de tenter quelques prévisions.

 

Brisons tout de même, d’abord, un lieu commun sur la " mondialisa-tion ".

 

Le capital a toujours cherché à l’échelle planétaire des marchés à conquérir et une force de travail à exploiter au prix le plus bas, ce n’est donc pas une nouveauté.

Ce qui est nouveau, par contre, ce sont les instruments pour le faire : grâce au développement de la technologie, le capital peut réaliser cette tendance avec une vitesse et des conséquences inimaginables il y a encore quelques années.

 

Il n’existe donc pas un point de rupture entre le vieux capitalisme et l’actuel, tout comme il n’a jamais existé un " bon " capitalisme qui se développe sur des bases nationales et auquel il faudrait revenir — comme le laissent croire, au contraire, les nombreux adversaires du " néolibéralisme ".

De 1973 (date qui marque conventionnellement le début de l’ère informatique) jusqu’à aujourd’hui, le capital n’a jamais changé de nature, il n’est pas devenu plus " méchant ". Il a tout simplement quelques armes de plus, mais tellement puissantes qu’elles ont défiguré la planète.

 

Pour une facilité d’analyse, nous lirons ce processus à travers les changements qu’ont subi trois zones géographiques différentes : les pays des anciennes colonies, les pays affranchis des régimes dits communistes et ceux d’Occident.

 

Les enfants non désirés du capital

 

Comme il est connu, avec l’acquisition de l’indépendance, les anciennes colonies n’ont nullement rompu les rapports avec leurs colonisateurs ; dans la plupart des cas, au contraire, elles les ont simplement modernisés, non sans divers sursauts.

Si l’ancienne exploitation coloniale visait surtout à l’accaparement de matières premières à bas prix qui étaient utilisées en Occident, à partir d’un certain moment des phases entières de la production industrielle ont été implantées dans les pays les plus pauvres, en profitant du coût très bas du travail.

Tellement bas qu’il couvrait les frais de transport des matières premières, des machines, des objets finis ainsi que le prix des financements des régimes locaux, garants de l’ordre public et du bon déroulement de la production.

 

Pendant de longues années, les capitaux occidentaux ont envahi ces pays, en modifiant profondément leur tissu social. Les anciennes structures paysannes ont été détruites pour faire place à l’industrialisation, les liens communautaires brisés, les femmes prolétarisées.

 

Une immense quantité de main-d’œuvre arrachée à la terre, s’est retrouvée — exactement comme en Europe au siècle dernier — perdue dans les bidonvilles à la recherche d’un travail.

 

Cette situation trouvait sa brutale stabilité tant que les usines manufacturières implantées par les occidentaux ont pu embaucher une partie conséquente des bras à vendre. Mais à un moment, ces usines ont commencé à fermer.

 

Là-haut, au Nord, quelque chose avait changé : la force de travail était devenue à nouveau concurrentielle avec celle du Sud. Il y restait, une fois les usines fermées, ces nouveaux prolétaires, nombreux et inutiles.

 

À l’Est, la situation n’est pas meilleure. Les régimes soi-disant communistes ont laissé derrière eux le désert, l’appareil productif — énorme et obsolète — est resté en héritage aux vieux bureaucrates et aux capitaux occidentaux. Ainsi, les fils et les petits-fils de ces exploités — qui, outre l’esclavage hebdomadaire du travail salarié, ont dû subir aussi la rhétorique dominicale des « cuisinières au pouvoir » et de l’internationalisme prolétarien — se sont retrouvés au chômage : toute restructuration industrielle, on le sait, exige des licenciements.

 

Comme cela avait déjà été le cas avec les anciennes colonies, chaque pays occidental s’est partagé ses zones d’influence économique et politique dans les domaines de l’ex Pacte de Varsovie, en y transférant la partie de sa production qui avait le plus besoin de main-d’œuvre.

 

Mais ce n’est qu’une goutte d’eau dans la mer, le nombre de pauvres devenus inutiles à leurs maîtres étant gigantesque.

À l’Est comme au Sud, le chantage de la dette exercé par le Fond Monétaire International et la Banque Mondiale a accéléré de manière décisive ces processus.

 

C’est ainsi que, du Sud et de l’Est, commence la longue marche de ces enfants non désirés du capital, de ces indésirables. Mais pour ceux qui restent chez eux, le sort n’est pas meilleur.

Les conflits sociaux provoqués par des changements aussi énormes que soudains sont intégrés dans les discours ethniques et religieux — des guerres nouvelles et toujours plus sanglantes sont au coin de la rue.

Pour ceux qui choisissent la voie de l’émigration, toute comme pour ceux qui restent, les seules certitudes sont la misère et la dépossession.

 

Tout regret est vain.

 

Jusqu’à hier

 

Entre-temps, que s’est-il passé en Occident ? Moins brutal, le changement a été parallèle à celui du reste du monde.

 

Les grands appareils industriels qui embauchaient une partie consistante des pauvres et qui ont longtemps déterminé la physionomie des villes — donc la mentalité, la façon de vivre et celle de se révolter des exploités — ont disparu.

En partie, parce que transférés, nous l’avons vu, dans les pays les plus pauvres ; en partie parce qu’il a été possible de les morceler et de les répartir différemment sur le territoire.

 

Grâce au développement de la technologie, non seulement les cycles productifs ont été progressivement automatisés, mais ils sont devenus aussi plus adaptés au chaos intrinsèque du marché. Autrefois, le capital avait besoin de travailleurs possédant le savoir et la compétence nécessaires pour maîtriser, de manière plus ou moins autonome, un fragment du cycle de production ; donc de travailleurs qui restaient une vie entière dans la même usine en train d’exécuter les mêmes tâches.

Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les connaissances demandées sont de plus en plus réduites et interchangeables, il n’existe plus d’accumulation de savoir, chaque travail étant identique aux autres.

 

Le vieux mythe du plein emploi est remplacé par l’idéologie de la flexibilité, c’est-à-dire par la précarité et le démantèlement des anciennes garanties : il faut s’adapter à tout, même aux contrats hebdomadaires, à l’économie clandestine ou à l’expulsion définitive du contexte productif.

Ces changements sont communs à tout l’Occident, mais dans certains endroits ils ont été si rapides et si radicaux que le coût global du travail est devenu concurrentiel avec celui du Sud et de l’Est du monde.

 

C’est ainsi que ce sont réalisés, d’un côté, le retour des capitaux ayant déstabilisé l’économie des pays le plus pauvres — avec comme conséquences des guerres et des migrations — et, de l’autre, la dégradation des conditions matérielles des exploités occidentaux.

 

Les révoltes à venir

 

Il est clair que le changement en Occident, bien que violent, est atténué en partie par ce qui reste du vieil Etat " social " et, surtout, par le fait qu’un bon nombre de précarisés sont les fils des vieux prolétaires et " jouissent " donc indirectement, à travers leurs familles, des anciennes garanties.

 

Il suffira pourtant de laisser passer encore une génération et la précarité deviendra la condition sociale la plus généralisée.

 

C’est ainsi que nous, fils du vieux monde industriel, serons économiquement toujours plus inutiles, unis de fait à la multitude d’indésirables qui débarquent sur nos côtes.

Avec le passage des années et l’achèvement de cette tendance, perdront leur sens tous les mouvements qui essaient d’apporter un soutien extérieur à une partie circonscrite des exploités (immigrés, chômeurs, précaires, etc.).

 

Les conditions d’exploitation seront pour tous similaires, ouvrant ainsi les portes à des luttes réellement communes.

 

Le voici enfin le fil qui nous lie tous, pauvres de mille pays, héritiers d’histoires si différentes : le capital lui-même a unifié dans la misère les familles perdues de l’espèce humaine.

La vie qui se dessine à l’horizon sera vécue sous le signe de la précarité.

Aménagées avec soin par l’évolution de l’exploitation, voilà les bases matérielles modernes pour les anciens rêve de liberté, voilà le lieu des prochaines révoltes.

 

L’hydre à deux têtes

Au sein des démocrates radicaux et du " peuple de gauche ", beaucoup attribuent désormais à l’Etat un rôle purement décoratif dans les décisions prises sur nos têtes.

 

On définit, en somme, une hiérarchie mondiale dont le sommet est représenté par les grandes puissances financières et les multinationales, et dont la base est constituée par les Etats nationaux ; ceux-ci deviendraient de plus en plus des valets, simples exécutants de décisions sans appel.

 

Tout cela conduit à une illusion qui est déjà porteuse des pires conséquences. Nombreux, en effet, sont ceux qui essaient d’imposer un tournant réformiste et en quelque sorte nostalgique aux luttes qui se développent un peu partout contre les aspects particuliers de la " mondialisation " : la défense du " bon " vieux capitalisme national et, parallèlement, celle du vieux modèle d’intervention de l’Etat dans l’économie.

 

Personne ne remarque, pourtant, que les théories ultra-libérales à la mode ces temps-ci et celles keynésiennes, à la mode il y quelques années encore, proposent simplement deux formes différentes d’exploitation.

 

Certes, on ne peut pas nier, en l’état actuel des choses, que toute notre vie soit déterminée en fonction des nécessités économiques globales, mais cela ne signifie nullement que la politique ait perdu sa nocivité.

 

Penser l’Etat comme une entité désormais fictive, ou exclusivement comme le régulateur des conflit sociaux (magistrature et police, pour ainsi dire), est limitatif.

 

L’Etat, parmis les capitalistes, est celui qui assure des fonctions vitales pour tous les autres. Néanmoins, sa bureaucratie, liée mais pas subordonnée aux cadres des entreprises, tend avant tout à reproduire son propre pouvoir.

 

L’Etat, en préparant le terrain au capital, se développe lui-même.

 

Ce sont les structures étatiques qui permettent l’abattement progressif des barrières du temps et de l’espace — condition essentielle pour la nouvelle forme de domination capitaliste —, en fournissant les territoires, les fonds et la recherche.

 

La possibilité de faire circuler toujours plus rapidement les marchandises, par exemple, est garantie par les autoroutes, les voies aériennes et maritimes, le réseau du TGV : sans ces structures, organisées par les Etats, la " mondialisation " ne serait même pas concevable.

 

De la même manière, les réseaux informatiques ne sont rien d’autre qu’un emploi différent des vieux câbles téléphoniques : toute innovation dans ce secteur (communication par satellite, fibres optiques, etc.) est assurée, encore une fois, par les appareils étatiques.

C’est de cette façon, donc, que l’autre nécessité de l’économie planétarisée (la circulation des données et des capitaux en quelques instants) est satisfaite.

 

Même du point de vue de la recherche et des avancements technologiques, les Etats jouent un rôle central.

Du nucléaire à la cybernétique, des études sur les nouveaux matériaux au génie génétique, de l’électronique aux télécommunications, le développement de la puissance technique est lié à la fusion des appareils industriel, scientifique et militaire.

 

Comme tout le monde le sait, le capital, de temps en temps, a besoin de se restructurer, c’est-à-dire de changer les implantations, les rythmes, les qualification et donc les rapports entre les travailleurs.

Souvent ces changements sont tellement radicaux (licenciements de masse, cadences infernales, réduction brutale des garanties, etc.) qu’ils mettent en crise la stabilité sociale, au point de rendre nécessaires des interventions de type politique.

Parfois les tensions sociales sont tellement fortes, la police syndicale si impuissante et les restructurations si urgentes, que les Etats ne trouvent pas d’autres solutions que la guerre.

 

À travers cette voie, non seulement on détourne la rage sociale vers des faux ennemis (les Autres au sens ethnique ou religieux, par exemple), mais on relance l’économie : la militarisation du travail, les commissions d’armements et la baisse des salaires font rentabiliser au maximum les restes du vieux système industriel, tandis que les destructions généralisées cèdent leur place à un appareil productif plus moderne et aux investissements étrangers.

 

Pour les indésirables — les exploités inquiets et en surnombre — l’intervention sociale devient plus expéditive : l’extermination.

 

L’une des caractéristiques de cette époque est le flux de plus en plus massif de migrants vers les métropoles occidentales. Les politiques de l’immigration — l’alternance d’ouverture et de fermeture des frontières — ne sont pas déterminées par le degré de sensibilité des gouvernants, mais découlent des tentatives de faire face à une situation toujours plus difficile à gérer, et d’en tirer profit.

 

D’une part, il n’est pas possible de fermer hermétiquement les frontières, d’autre part un petit pourcentage d’immigrés est utile — surtout si clandestins et donc corvéables à merci — puisqu’il représente une bonne réserve de force de travail à bas prix.

En même temps la clandestinité de masse provoque des conflits sociaux difficilement contrôlables.

 

Les gouvernements doivent naviguer entre ces nécessités, le bon fonctionnement de la machine économique en dépend.

 

Tout comme le marché mondial unifie les conditions d’exploitation sans pour autant éliminer la concurrence entre capitalistes, de même il existe une puissance pluriétatique qui coordonne les projets de domination sans effacer la compétition politique et militaire entre les différents gouvernements.

 

Les accords économiques et financiers, les lois sur la flexibilité du travail, le rôle des syndicats, la coordination des armées et des polices, la gestion écologique des nuisances, la répression de la dissidence — tout cela est défini au niveau international. La mise en pratique de ces décisions revient néanmoins à chaque Etat, qui doit se révéler à la hauteur.

 

Le corps de cette Hydre sont les structures technobureaucratiques.

 

Non seulement les exigences du marché se fondent avec celles du contrôle social, mais elles utilisent les mêmes réseaux. Par exemple, les systèmes bancaire, médical, policier et d’assurance s’échangent continuellement leurs données.

L’omniprésence des cartes magnétiques réalise un fichage généralisé des goûts, des achats, des déplacements, des habitudes.

 

Tout cela sous les yeux des caméras de surveillance toujours plus diffuses, et parmi des téléphones portables qui assurent la version virtuelle et elle-même fichée d’une communication sociale qui n’existe plus.

 

Néolibéralisme ou pas, l’intervention de l’Etat sur le territoire et dans nos vies est chaque jours plus totalitaire, sans pour autant être séparée de l’ensemble des structures de production, distribution et reproduction du capital.

 

La hiérarchie présumée entre le pouvoir des multinationales et celui des Etats, de fait, n’existe pas, car ils opèrent en symbiose mutuelle pour cette puissance inorganique qui est en train de mener une seule guerre : celle contre l’autonomie des hommes et contre la vie sur Terre.

 

Le nom des assassins

 

Depuis le jour de leur ouverture, une longue série de révoltes a caractérisé la vie des cetres de rétention [centri di permanenza temporanea] pour immigrés clandestins.

 

ces structures, les étrangers en attente d’expulsion sont enfermés dans des conditions de vie inhumaines. Il est difficile de parler de ce sujet, en particulier après la trop longue série de morts tués au cours des révoltes, sans risquer de tomber dans des bavardages mesquins en vogue parmis les organisations -plus ou moins gouvernementales, peu importe- si expertes dans l’instrumentalisation du sang.

 

Il ne nous intéresse pas de vous inviter à l’émotion ou à la supplique collective pour fermer ces taules.

La mort de ces étrangers côtoie l’assassinat d’autres millions d’exploités, hommes et femmes qui sont tués par les guerres, le travail, la destruction du territoire, la prison ou, de manière plus expéditive, par un coup de pistolet de la police.

 

Cessons de croire ceux qui disent qu’il s’agit d’incidents de parcours ou d’abus de sanglants : il s’agit de routine, toutes les victimes de cet abattoir global sont à mettre au compte du capital et des Etats.

 

Au piétisme sot, aux apéritifs chrétiens à base de larmes, à ceux qui voudraient voir les immigrés hors des "Lager" tant qu’ils sont tranquilles et en prison seulement lorsqu’ils sont coupables, à ceux qui voudraient un monde plus ou moins comme celui-là mais un peu plus "humain", à ceux qui rêvent d’un capital moins sanglant ou à ceux qui exploitent ces épisodes pour élargir leur propre chapelle "révolutionnaire" -en somme à ceux qui prêchent la solidarité dans l’oppression, nous préférons opposer la complicité dans la révolte.

 

Aucune lutte ne peut être séparée des autres, parce que chaque réalisation de la domination est profondément liée aux autres. Il est certes important de fermer les centres de rétention, mais le demander aux Etats veut simplement dire les pousser à trouver des formes de contrôle et de répression plus efficaces et moins visibles.

 

De plus, penser ces centres comme étant de simples structures physiques signifie cacher toutes ces artères qui en permettent l’existence : de la Croix Rouge qui les cogère aux entreprises qui les construisent et aux fournisseurs des produits alimentaires, tous font partie des centres de rétention, et eux aussi sont des assassins.

 


Gli indesiderabili/Les indésirables, huit pages paru en italien et français, numéro unique, Pantagruel (Pont St Martin-AO) & Sans Patrie (Paris), mars 2000.

Anonyme

 

http://www.infokiosques.net/


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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 10:13
Réponse ouverte  à "phil-la-gâchette"
et aux contradicteurs de la même lie.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b2/Tampon_du_camp_de_Montreuil-Bellay.jpg/170px-Tampon_du_camp_de_Montreuil-Bellay.jpg

___

-"...Arrêtez de pédaler dans la semoule.

Joseph Guerdner était suspecté d'attaques à main armée,

avait été arrêté détenteur d'un 11,43.

Il a sauté par la fenêtre pour s'évader, alors qu'il allait être interrogé.

J'appelle ça faire preuve d'une incommensurable connerie.

Il y a sûrement d'autres héros à choisir

pour illustrer la défense des droits de l'homme...." 

 

Commentaire n°2 posté par Phil hier à 21h51
_________________


1) Non, Joseph Guerdner  n'est pas pour nous "un héros"


Non, Pour nous Joseph Guerdner n'est pas un héros. Joseph Guerdner est un homme qui a été lâchement abattu par un type entrainé et détenteur de l'autorité et soi-disant garant de "l"ordre public".

Selon le code de procédure pénale, le gendarme avait entre autre pour mission, dans le cadre de l'arrestation d'un suspect "...de s'assurer de ce dernier , de la protection de ses "droits" et de sa sécurité ainsi que de la stricte observation concourant au bon déroulement de son audition et des conditions de sa "mise en garde-à-vue" telles que définies selon la procédure en vigueur" .

Pour autant que nous en sachions, l'observation de ces règles applicables dans tous les cas relevant d'une procédure d'enquêtes judiciaires n'implique nullement de vider tout un chargeur dans le dos d'un suspect entravé tentant  de se soustraire à la vigilance des fonctionnaires ayant en charge sa "surveillance".( Certes, le corps de gendarmerie étant un corps militaire peut se passer de sommations et tirer à vue, mais seulement dans certaines conditions spécifiques. Dans le cadre d'une mission de police judiciaire, c'est le code de procédure pénale qui s'applique et non celui relevant du code de armées en temps de paix), pas celui d'un état d'urgence d'autant que le fonctionnaire n'était pas lui-même, ni ses collègues menacé de quelque façon que ce soit par le "suspect" non armé au moment de sa tentative de fuite et encore présumément innocent!
Pour autant que nous en sachions également une tentative de fuite ne constitue pas une preuve de culpabilité....Et encore moins une raison suffisante pour un assassinat "protégé"!!!

Sauf pour Phil-la-semoule peut-être.

Pour  Phil, cela autorise donc une sentence d' exécution immédiate!

Joseph a donc été littéralement descendu parce qu'il tentait de pratiquer le droit individuel  le plus imprescriptible qu'est celui de recouvrer sa liberté par tous les moyens alors qu'elle pouvait lui apparaitre comme directement menacée.

2) Avons-nous évoqué la défense des "Droits de l'homme"?

Non, nous n'avons pas évoqué le cadre de cette supercherie permanente concoctée par celles et ceux destinant leur charge à anéantir toutes les libertés, individuelles, collectives et publiques....Nous avons souligné seulement que celles et ceux ayant prétendument en charge la protection de l'ordre public pouvaient fort bien en réalité n'être que de vulgaires assassins autorisés.

Ce constat n'ayant rien de nouveau ou exceptionnel, il est de fait parfaitement compréhensible et légitime alors de tenter d'échapper au risque encouru lorsqu'on se trouve menotté et entravé, quasi au secret, aux mains de ces gens dont la réputation et la probité sont de notoriété publique des plus contestables.
(Être à fortiori Gitan, Rom, manouche,Black, Beur, Sans pap', ou même petit délinquant n'altère en rien les inquiétudes qui naissent de toute interpellation) .


Sauf pour "Phil-la-semoule" qui fort probablement n'entre dans aucune des catégories évoquées ci-dessus et n'aura quant à lui aucune raison de se faire du mouron.
D'autant plus et mieux que
Phil est aussi un brillant défenseur des corps de police ou de gendarmerie et non moins surement partisan d'une justice expéditive.

3) Si être en possession d'un gun (d'un canif, d'un lance-pierre, d'un pavé ou d'un casier judiciaire) et accessoirement soupçonné  d'un délit suffit à se faire dézinguer "légitimement" de sept balles dans le dos est banal...Comme désormais un plongeon du 7eme étage de la BRB, ou être retrouvé pendu et tabassé dans une cellule de commissariat...

Alors oui, nous serions ravis de "pédaler dans la semoule!"   ce qui naturellement prend à nos yeux un tout autre sens que celui que nous opposent en chœur les " Phil",les "Vive-la-fRance" et consorts.
.

4)Si nous venions quelque jour à prendre  la  défense des thons et des salauds c'est préférentiellement "Phil" que nous choisirions assurément comme "héros" et tenant du rôle titre.

Nous répondons toujours aux personnes qui commentent nos interventions, nous ne censurons jamais leur propos. et nous continuerons de le faire. 

 

Toutefois, les propos imbéciles ou dégueulasses soutenus à répétition par certains seront désormais ouvertement méprisés.


Nous n'y répondrons au mieux qu'une fois sans trop nous emmerder sur le clavier à la contradiction.


Une insulte y pourvoira alors amplement.


 

 

Steph

(Pour: Nosotros.incontrolados/les amis du négatif.)

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